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« MélanCovid », webdocu sur le vécu des jeunes en temps de Covid

On le sait, la santé mentale des jeunes a été particulièrement touchée par la crise sanitaire. Mais à quel point ? C’est ce qu’ont voulu savoir les réalisateurs d’un tout nouveau webdocumentaire en neuf épisodes appelé « MélanCovid ». Au total, 26 jeunes de 12 à 25 ans ont pu se confier et s’exprimer sur leur vécu, tout en participant activement à la réalisation des épisodes.

« MélanCovid » est un projet réalisé par Camera-etc, en collaboration avec l’AMO Reliance et avec le soutien du Fonds Reine Mathilde.

Neuf thématiques pour neuf aspects de la crise

En partant de l’arrivée du COVID-19 jusqu’à son impact sur la vie relationnelle, affective et familiale des jeunes, ainsi qu’à ses conséquences sur le rapport à soi et au niveau psychologique, le webdocumentaire se décline en neuf capsules thématiques à visionner sur la Plateforme Vimeo de Camera-etc.  Dans ces neuf épisodes très courts, les jeunes, entourés des cameramen et des animateurs de l’Atelier de Production Camera-etc, ont donc tenté de se confier le plus ouvertement possibles sur leur ressenti tout au long de la crise sanitaire.

Un format court et ludique

Les formats des vidéos se veulent assez courts et les témoignages sont mêlés à de l’animation afin de mieux illustrer les propos des participants et de rendre le contenu plus ludique. Sur un fond coloré, une participante témoigne par exemple de la crise et du rapport à soi : « Je pense que j’ai appris à mieux me connaitre aussi grâce à ça et à me rendre compte que j’avais, je pense, une capacité de résilience assez importante ».

Visionner toutes les capsules 

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Santé mentale : zoom des Mutualités Libres sur l’impact du Covid chez les jeunes

Déjà presque 2 ans que le Covid gère nos vies. Avec des conséquences plus néfastes sur la santé mentale de certaines catégories de personnes, dont les jeunes. Le symposium « J’avais 20 ans en 2020 » des Mutualités Libres, diffusé en ligne début décembre, a permis à de nombreux jeunes, experts ou acteurs du terrain de s’exprimer sur l’impact parfois désastreux de la pandémie. Compte-rendu. 

Pour intervenir au sein de ce symposium 100% digital qui a rassemblé par moins de 350 personnes :

  • Dr. Hans Kluge, directeur de l’OMS Santé Europe
  • Frank Vandenbroucke, ministre des Affaires sociales et de la Santé
  • Xavier Brenez, directeur général des Mutualités Libres
  • Prof. Dr. Véronique Delvenne, psychiatre de l’enfant et de l’adolescent, Chef de service de Pédopsychiatrie à HUDERF, Professeur de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent  à l’ULB
  • Prof. Dr. Ronny Bruffaerts, psychologue, Docteur en Sciences Médicales, Professeur de Psychiatrie au KULeuven
  • Eveline Couck, Public Affairs Officer UNICEF

« L’impact pourrait durer toute la vie si des solutions ne sont pas vite trouvées »

Première intervention par le Dr. Hans Kluge, directeur de l’OMS Santé pour l’Europe, qui a commencé par avancer quelques conséquences assez préoccupantes du Covid chez les jeunes : baisse de 17% du bien-être mental (déclaré), augmentation du chômage, hausse de la pauvreté et de la délinquance, risque plus élevé de décès prématurés… Un impact à multiples facteurs donc, qui, selon H. Kluge, pourrait durer toute la vie si des solutions ne sont pas vite trouvées. « Il faut changer la vision de la santé mentale pour une meilleure compréhension commune et unir les forces entre secteurs ! », insiste-t-il. Et en terme de solutions face à cette crise, l’OMS n’a pas chômé : engagement de jeunes pour créer une alliance, main tendue aux initiatives de solutions innovantes, création d’un nouveau cadre européen sur les questions de santé mentale, appel aux écoles et universités pour améliorer l’apprentissage socio-emotionnel, mise sur pied d’une coalition Santé Mentale pour l’échange de bonnes pratiques…

Un Ministre de la Santé préoccupé

Place ensuite au discours préenregistré par le Ministre Franck Vandenbroucke. Il a exprimé sa profonde inquiétude face à la situation et s’est prononcé sur les solutions et les moyens alloués depuis le début de la crise.

Quand les jeunes témoignent

Petit intermède émotion pour poursuivre, au sein duquel les jeunes eux-mêmes ont pris la parole. Quatre visions pour quatre vécus différents de la crise. Certains s’y sont résolus, d’autres ont failli se suicider. « J’ai fait une petite bêtise ; j’ai pris plein de médicaments d’un coup… », a avoué une jeune fille en ajoutant qu’il ne faut pas avoir peur de parler de ses problèmes à un professionnel. Un autre garçon ne s’est, par contre, pas vraiment senti affligé, mais entendait autour de lui des gens qui n’allaient vraiment pas bien. « J’ai vraiment ressenti un impact sur ma santé mentale, car je ne me sentais plus du tout à l’aise avec moi-même », a encore exprimé un jeune.

En fin de symposium, lors du débat, Loredana, membre du conseil des jeunes au gouvernement, a réagi à ces clips vidéos : « Je me suis vraiment reconnue et j’ai beaucoup d’empathie pour eux. Je suis passée par différentes humeurs moi aussi, mais la plupart du temps, je me sentais seule face à mes cours à distance ; j’ai ressenti des doutes, de l’incertitude, c’était réellement difficile. » Elle a ensuite rappelé qu’il faut prendre les jeunes au sérieux et ne pas les stigmatiser ; « ne pas minimiser le fait qu’on souffre nous aussi ».

Résultats de l’enquête des Mutualités Libres

Pour bien faire comprendre l’ampleur du problème, Xavier Brenez, directeur général des Mutualités Libres, a laissé les chiffres et les données parler à sa place. Voici donc quelques résultats de l’enquête effectuée en septembre par la mutualité sur l’impact du Covid sur la santé mentale des jeunes (1.000 jeunes entre 15 et 25 interrogés) : le taux de suicide a grandement augmenté (la Belgique est désormais 11e mondiale) ; 12% des jeunes prennent des médicaments pour mieux dormir ; 80.000 jeunes ont été admis à l’hôpital ou dans d’autres institutions pour des problèmes de santé mentale ; il y a eu 200.000 télécommunications avec des psys ; la consommation d’antidépresseurs a augmenté ; 80% des jeunes ont ressenti un impact sur leur vie sociale ; 58% sur leur santé mentale ; 48% sur leur santé physique ; 40% sur leurs finances ; les filles semblent être plus impactées que les garçons et prennent plus d’antidépresseurs ; plus d’1/3 ont hésité ou hésitent encore à demander de l’aide ; la plupart ressentent de l’incertitude et de l’insécurité ; ils souffrent de la privation de liberté et de la solitude… Ce qu’il faut dès lors, c’est protéger ces jeunes contre les préjugés et la stigmatisation. Il faudrait aussi des aides psychologiques plus accessibles aux jeunes (applications, suivi en ligne…), ainsi qu’une réduction drastique de l’attente  lorsque la démarche d’aide est entamée.

Voici finalement ce que recommandent les Mutualités Libres :

Des urgences pédopsychiatriques complètement saturées

Pour la Prof. et Dr. Véronique Delvenne, psychiatre de l’enfant et de l’adolescent, chef de service de Pédopsychiatrie à l’HUDERF et Professeur de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à l’ULB, le pic des problèmes de Santé Mentale chez les jeunes était prévisible, mais s’est accéléré à cause de la crise. Ces jeunes sont dans une période de transition entre l’enfance et l’âge adulte et cela les rend particulièrement vulnérables. Depuis la fin de l’année 2020 jusqu’à aujourd’hui, les urgences pédopsychiatriques sont totalement saturées. En février 2021, l’Hôpital des Enfants a littéralement crié à l’aide auprès du ministère de la Santé ; un cri heureusement entendu. Mais cela n’empêche pas les hospitalisations pour mutilations, pour violences pour dépressions… Comme le Dr. Hans Kluge, le Dr. V. Delvenne insiste : « Un traumatisme, même léger, pendant la période de transition de l’enfance à l’âge adulte, peut s’aggraver s’il n’est pas traité précocement. »

Santé psychique des adultes en devenir

Avant dernière intervention par Ronny Bruffaerts, psychologue, Docteur en Sciences Médicales, Professeur de Psychiatrie au KULeuven. Il a principalement parlé de l’importance d’offrir à ces jeunes en transition des soins psychologiques appropriés afin que les effets s’en ressentent à long terme. Généralement, ceux qui avaient déjà des troubles légers sont plus susceptibles de développer des pathologies plus lourdes après une période de crise comme celle-ci. Ceux qui n’avaient pas de troubles ont quand même été touchés au niveau émotionnel. Beaucoup ont peur de l’avenir et ressentent des sentiments contradictoires face à leur futur. Il faut donc rester attentif à ce qu’ils puissent accéder à l’aide proposée en la rendant la plus accessible possible.

UNICEF en action : « What do you think ? »

Finalement, Eveline Couck, Public Affairs Officer à l’UNICEF, est venue présenter le projet « What do you think ? » qui consiste à entendre les jeunes sur toute sorte de sujets qui les concernent. Bien sûr la pandémie était l’un des sujets abordé. Voici par exemple un témoignage recueilli : « Il faudrait que l’on parle plus ouvertement de la santé mentale, afin que les jeunes ne se sentent plus seuls, que ce ne soit pas un tabou et que l’on n’ait pas l’impression d’être le seul dans son entourage à avoir des difficultés. Il faut pouvoir en parler pour que les jeunes osent plus vite demander de l’aide. » Une phrase qui fait clairement écho avec celle prononcée par Loredana, l’une des représentantes des jeunes au gouvernement.

→ Visionner le replay de l’intégralité du symposium juste ici !

Sofia Douieb 

 

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Covid-19, jeunesse et difficultés psychologiques : « fais aussi entendre ta voix »

Depuis ce lundi 1er mars, et jusqu’au 10, la campagne « Chaque vie compte, fais aussi entendre ta voix » permet aux jeunes bruxellois de s’exprimer sur les difficultés rencontrées en cette période de pandémie. L’initiative est portée par une série d’acteurs (Conseil de Prévention de l’arrondissement de Bruxelles, Cocof, Fédération Wallonie Bruxelles, Services d’Actions en Milieu Ouvert…) mués par un même objectif : améliorer la santé mentale de cette jeune population particulièrement éprouvée. 

Les jeunes bruxellois et les responsables des sept AMO bruxelloises (Promo jeunes, Samarcande, Atouts jeunes, SOS jeunes, Quartier libre, Dynamos et Sésame) ont décidé, au travers de cette campagne, d’agir face à la crise du Covid et de mettre en lumière ses effets sur les publics vulnérables et en particulier sur la jeunesse. Ces jeunes espèrent aussi que la réalité qu’ils vivent soit mieux prise en compte par les autorités compétentes.

Libérer la parole sur les réseaux sociaux

La campagne s’appelle « Chaque vie compte, fais aussi entendre ta voix« , car c’est en libérant la parole et en construisant ensemble que des solutions pourront être trouvées. Les initiateurs de la campagne et les jeunes qui se sont adressés aux AMO ont voulu la centrer sur le thème de la liberté, une priorité pour eux. Et s’ils ont choisi les réseaux sociaux, c’est pour mobiliser un maximum de personnes autour des différents enjeux liés au Covid-19.

Trois actions pour aider la jeunesse

La campagne se décline en plusieurs actions diffusées du 1er mars au 10 mars. 

  • Des vidéos conçues par les jeunes et diffusées sur Instagram, Facebook et d’autres « médias classiques » afin de créer des espaces d’expression. Ces vidéos ont été conçues pour susciter des réactions sur les réseaux sociaux.
  • Des micros-trottoirs également diffusés sur les réseaux et qui récoltent la parole de ceux qu’on n’entend pas. De la rue aux réseaux sociaux, la campagne va donc créer des échanges là où ils n’en existent pas ou peu.
  • En parallèle, une distribution de masques avec le slogan de la campagne sera organisée dans plusieurs communes bruxelloises de façon à contribuer concrètement à l’effort collectif, mais aussi à rendre visibles les autres enjeux essentiels souvent occultés par cette crise sanitaire.

↓ La première vidéo de la campagne

→ Le site web « Chaque vie compte »

→ Page Youtube

→ Groupe Facebook (espace de discussion sur la crise sanitaire)

→ Compte Instagram

 

 

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Santé mentale : un blog pour déstigmatiser les maladies psychiques

« Epsyblog », c’est le nom d’un blog tout juste lancé par l’asbl Epsylon (réseau de soins psychiatriques). Une initiative qui vise a déstigmatiser, expliquer et décrypter la santé mentale et qui a pour objectif de rééduquer et prévenir les publics sur les stéréotypes entourant les maladies psychiques.

Sur ce nouveau site web, on peut notamment lire : « Epsyblog a pour objectif de partager des conseils pratiques et utiles pour mieux comprendre les troubles psychiques, aborde des sujets de fond et informe sur le monde de la psychiatrie. »

Déstigmatisons les maladies psychiques

Au sein du tout premier article publié dans la rubrique « déstygmatiser » de cette nouvelle plateforme – intitulé ‘À bout des tabous’ – Epsylon rappelle le chiffre clé d’une personne sur dix souffrant d’un trouble mental. Selon l’asbl, il est temps de « Dire non aux discriminations » et de « combattre les préjugés qui mènent à la stigmatisation » de ces personnes et leurs maladies psychiques. Son dernier conseil : « Résistez et impliquez-vous » en faisant comprendre au monde qu’il se fourvoie totalement sur le sujet.

Ce qu’il faut entendre par santé mentale

En cette période particulière anxiogène, la question de la santé mentale a pris une importance toute particulière dans les foyers. Mais sait-on exactement ce que cela comprend ? Selon Epsylon, « elle ne se réduit pas à l’absence de trouble psychiatrique, mais englobe plus fondamentalement une certaine qualité de vie intérieure, relationnelle et sociale, propre à chaque individu et à son contexte. » Elle concerne donc bien plus de monde que ce que l’on croit.

Le réseau Epsylon en bref

Pour rappel, l’asbl Epsylon est le nouveau (2015) réseau de soins psychiatriques qui englobe les activités des asbl La Ramée et Fond’Roy. Pour ce qui est des adolescents de 12 à 20 ans, le réseau dispose d’un internat thérapeutique appelé AREA +. La Clinique La Ramée hospitalise également des ados. Les autres unités du groupe ne sont destinées qu’aux adultes.

Sofia Douieb

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Journée mondiale de la santé mentale : comprendre la politique Psy 0-18 en un coup d’oeil

Dans le cadre de la journée mondiale de la santé mentale de ce 10 octobre, le Service public fédéral Santé Publique a créé plusieurs infographies explicatives de la politique autour de ces soins en Belgique. Et bien sûr, l’une d’elles concerne les enfants et adolescents. C’est l’occasion pour le grand public ou les personnes plus averties de comprendre en un coup d’oeil la politique psy 0-18 lancée il y a tout juste 5 ans.

Infographie politique santé mentale enfants et ados

Grâce à ces infographies – et plus spécifiquement celle sur les enfants et adolescents – le grand public devrait mieux comprendre la façon dont ces politiques s’orchestrent et s’organisent dans le pays. Par exemple, sur l’infographie intitulée « La nouvelle politique de santé mentale pour enfants et adolescents SMEA », on peut notamment se pencher sur le bien fondé d’une telle politique, sur ses objectifs, ses résultats ou encore sur les derniers points à améliorer. 

Des réseaux pour mieux collaborer

Depuis 2010, les soins de santé mentale ont été complètement réformés dans le pays. L’idée de la réforme Psy 107 était de réaliser des circuits et des réseaux de soins en santé mentale afin qu’ils gagnent en qualité. Cinq ans plus tard, et dans le même souhait d’améliorer et de réorganiser ces soins spécifiques, la réforme Psy 0-18 a également vu le jour. Cette dernière découle de la « Nouvelle politique de santé mentale pour enfants et adolescents » (SMEA) approuvée par les différents ministres fédéraux et régionaux compétents en matière de santé publique. Désormais, toutes les organisations impliquées dans le secteur des soins de santé mentale destinés aux enfants et/ou aux adolescents sont amenées à collaborer et à coordonner leurs actions au sein de réseaux.

Bru-stars, réseau SMEA bruxellois

Plus spécifiquement à Bruxelles, le réseau SMEA se nomme Bru-stars. Il s’agit d’un projet développé en 2015 et mis en place afin de soutenir, structurer et développer l’offre de soins en santé mentale à destination des enfants, adolescents, jeunes adultes et de leur entourage. Il a pour objectif premier d’articuler entre eux les différents services et prestataires de soins qui s’adressent aux jeunes de 0 à 18 ans (avec une attention particulière pour les jeunes de 16 à 23 ans, en collaboration avec le réseau pour les adultes).

 

 

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