« C’est un petit peu tôt pour savoir ce qui va se passer en septembre ; quel type de rentrée nous aurons en Belgique. Encore un peu de patience avant d’y voir un peu plus clair. » Voici les mots prononcé ce lundi par Antoine Isieux, porte-parole interfédéral de Sciensano, lors de la dernière conférence de presse du Centre de Crise. En réaction à ces mots, et pour anticiper les décisions du prochain conseil de sécurité, la Task Force pédiatrique vient de publier une lettre ouverte dans laquelle elle plaide pour un « retour à l’école de tous les enfants à temps plein le 1er septembre ».
À trois semaines de la rentrée des classes, il serait en effet rassurant de savoir ce qu’il en est. D’un côté, les ministres de l’Éducation Caroline Désir pour la Fédération Wallonie-Bruxelles, Ben Weyts pour la Flandre et Harald Mollers, ministre de la Formation de la Communauté germanophone de Belgique, affirmaient, en juin dernier, que les moins de 12 ans reprendront l’école en septembre « quoi qu’il arrive ». Et ce afin de « garantir le droit à l’éducation ». Mais d’un autre côté, les contaminations à la hausse n’ont de cesse d’inquiéter les autorités qui remettent le débat sur la table. Et autour de ces discussions endiablées, les pédiatres et les défenseurs des droits de l’enfant prônent, pour leur développement et leur bien-être, le maintien primordial des enfants en collectivité.
Non, l’école n’est pas un endroit dangereux
Dans sa lettre ouverte diffusée sur la nouvelle plateforme JOY, la Task Force pédiatrique, constituée met le doit sur un point essentiel : « Sans le vouloir, notre société a permis aux enfants de notre pays de douter du sens et de l’importance de l’enseignement. Éloigner ainsi les enfants des écoles suggérait en outre qu’elles constituaient des endroits dangereux, une idée totalement fausse que nous devons très rapidement corriger. » Elle ajoute ensuite :
« L’enseignement obligatoire et le droit à l’éducation doivent être appliqués. Le faire à 50% et même à 80% n’est PAS suffisant. L’enseignement à distance n’est PAS suffisant. Les écoles doivent recevoir les moyens, tant logistiques qu’humains, pour permettre une totale réouverture et offrir une éducation à plein temps à TOUS les enfants. »
« Aucune raison médicale pour empêcher la réouverture des écoles »
Ce que les études ont confirmé depuis le début de la pandémie est que les enfants (du moins ceux de moins de 12 ans) risquent peu de tomber gravement malades du Covid-19, et sont probablement moins susceptibles d’être contaminés. En revanche, on sait peu de choses de leur contagiosité s’ils contractent le virus sans pour autant en ressentir les symptômes. Toujours est-il que d’affirmer, comme l’a fait Donald Trump, que les enfants seraient naturellement « immunisés » est tout bonnement de la désinformation.
La Task Force pédiatrique rassure également sur ce point : « Les camps de jeunes organisés cet été peuvent jouer le rôle d’exemple. Grâce à une approche réfléchie, on n’a déploré qu’un nombre limité d’infections et, jusqu’à présent, aucun foyer majeur n’a été observé. Grâce à de nombreuses recherches scientifiques et épidémiologiques, on sait que les risques pour la santé des enfants et des adolescents sont minimes et que la transmission du Covid-19 est limitée. Les pédiatres représentés au sein de la Belgian Pediatric Covid-19 Task Force ne voient donc aucune raison médicale pour empêcher une complète réouverture des écoles. »
De l’importance de respecter les droits fondamentaux de l’enfant
Le Délégué général aux droits de l’enfant et Badje, soutenus par la COCOF et la ministre des droits de l’enfant du Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, estiment qu’il vaut mieux « prévenir que guérir ». Ils veulent dire par là qu’« il est illusoire de penser que l’école se fera en septembre 2020 comme en 2019. Nous devons imaginer la coordination des moyens et des besoins pour éviter à nos enfants de subir la covid19 et ses conséquences désastreuses sur leur vie quotidienne et leurs droits. » Ainsi, ils proposent notamment d’anticiper la rentrée scolaire de septembre en travaillant au maillage et à la mobilisation des acteurs éducatifs et sociaux autour des lieux de vie des enfants et des jeunes. Une proposition parmi d’autres détaillées dans un communiqué de presse tout juste publié.
Ce respect fondamental des droits de l’enfant est aussi l’objectif poursuivi par la nouvelle plateforme JOY dont Hospichild vous parlait la semaine dernière – « Joy », nouveau site web officiel autour du Covid-19 et du bien-être de l’enfant – et qui est justement gérée, entre autre par la Task Force pédiatrique.
Les mesures à mettre en place pour une rentrée sûre
Bien sûr, cette rentrée sera différente des autres années. Il faudra prendre des mesures circonstancielles. Propositions de la Task Force : « Soutenir totalement les écoles pour rendre la scolarité sûre grâce à des règles de sécurité réalistes, sensées et claires. Des mesures excessives ou inefficaces empêcheront de nombreuses écoles de respecter les consignes de façon pratique et donc de rouvrir.
La Task Force propose donc d’appliquer deux mesures générales d’hygiène sur le groupe cible et dans le contexte scolaire:
- Pas de distanciation minimale de 1,5 m entre élèves à l’intérieur des classes et dans leur « bulle de classe » (mais bien entre élèves et adultes et entre adultes)
- Utilisation rationnelle du masque buccal pour les plus grands (+12 ans) telle que généralement recommandée (par exemple lorsqu’on n’est pas dans la bulle de sa classe ou de son année, comme lors de l’arrivée à l’école ou de déplacements dans les couloirs). »