Archives du tag : covid-19

Les pédiatres unanimes : « Tous les enfants doivent retourner à l’école dès que possible »

Pour exprimer son inquiétude face aux doutes émis par le gouvernement concernant le retour à l’école de l’ensemble des élèves, la Belgian Pediatric Covid-19 Task Force vient de diffuser une carte blanche très insistante.

 

« Pleinement consciente que les chiffres n’évoluent guère favorablement, la Task Force Pédiatrique demande avec force que l’ouverture complète des écoles pour tous les élèves reste une priorité absolue comme promise par nos ministres lors du comité de concertation du 24 mars avec le soutien répété du GEMS.

L’école a participé à un effort collectif sociétal en fermant ses portes une semaine avant les vacances de Pâques, renvoyant pour 3 semaines les enfants à la maison, dans des familles souvent sous tension. L’objectif était de participer au retour à une situation épidémiologique plus favorable pour pouvoir rouvrir à 100% mais l’ensemble de la société n’a pas joué le jeu. On peut parler d’un échec sociétal.

L’enseignement est le secteur le plus contrôlé de la société

Afin de ne pas submerger complètement les soins intensifs, des mesures qui sont démontrées comme efficaces pour contenir le virus restent effectivement nécessaires. En ce sens, des mesures supplémentaires ont été prises dans les écoles en termes de testing et de tracing avec prochainement l’avènement des auto-tests venant renforcer cette stratégie. L’enseignement est le secteur le plus contrôlé de la société.

Dans la crise actuelle, le rôle primordial que jouent les écoles, non seulement dans la formation académique des élèves mais aussi dans leur santé bio-psycho-sociale, est plus clair que jamais. Une synthèse récente de toutes les études internationales sur l’impact d’une fermeture des écoles sur les jeunes souligne à nouveau que les dommages causés par la fermeture des écoles sur la santé des jeunes sont considérables, à court terme et probablement à plus long terme (Viner et al 2021).

Tsunami de demandes d’aide

Chez les adolescents belges cet impact a également été observé de manière répétée et les dégâts s’accentuent avec l’apathie, l’irritabilité, la solitude, la perte d’intérêt et de motivation mais aussi le stress scolaire lié aux performances exigées (enquêtes de Sciensano, Kinderrechtencommissariaat, associations des élèves francophones et néerlandophones, et différentes universités).

Nos services de santé sont submergés par des problèmes de santé inquiétants chez les jeunes : tentatives de suicide et automutilation, anorexie mentale, dépression, anxiété majeure, violence intrafamiliale, obésité, troubles du comportement avec mises en danger, exposition excessive aux écrans et à ses contenus nocifs, cyberharcèlement, sexting…

Les services belges de psychiatrie infanto-juvénile, structurellement sous-financés, ne peuvent plus répondre au tsunami de demandes d’aide. Le triage des patients que tentent d’éviter les services de soins intensifs est devenu une réalité quotidienne en psychiatrie infanto-juvénile : les jeunes qui ont besoin de soins aigus restent privés de l’aide nécessaire.

Puisque nos écoles offrent un cadre unique pour atteindre tous les jeunes mineurs, par ce temps de crise les écoles doivent être soutenues au maximum pour donner au bien-être global des élèves sa juste place aux côtés des apprentissages scolaires. Pour cela, les écoles doivent pouvoir rouvrir à 100%, prendre soin du bien-être des professeurs, se concentrer sur les matières essentielles en ce 3ème trimestre scolaire et se voir attribuer du temps et des moyens pour des activités qui connectent et enrichissent à l’intérieur de la bulle de classe, telles qu’une discussion de classe et une activité sportive ou culturelle.

La balance entre les bénéfices et les risques d’aller à l’école exige que les écoles rouvrent à 100% pour tous les jeunes dès que possible et que leur fonction essentielle de support de résilience des jeunes soit renforcée. »

 

À LIRE AUSSI : 

Diminution drastique de la prématurité en 2020 ; conséquence positive du confinement ?

Les chiffres sont sans appel : la prématurité a drastiquement diminué en 2020. Aussi bien en Belgique qu’ailleurs dans le monde, les naissances de bébés de moins de 32 semaines étaient moitié moins nombreuses que l’année d’avant. Est-ce une conséquence du confinement, de la moindre pollution ? Quoi qu’il en soit, cela relance le débat de l’importance de l’allongement du congé de maternité pré-accouchement. 

prématurité covid

En Belgique, les chiffres de la prématurité étaient fixes depuis très longtemps. Anne-Britt Johansson, chef du service de néonatologie à l’Hôpital des Enfants, confiait à Hospichild en 2019 : « 7 à 8% des bébés naissent trop tôt dans le pays. Dans 80% des cas, on le sait en avance et les parents peuvent s’y préparer. Il y a trois degrés de prématurités : extrême (avant 28 semaines), grande (entre 28 et 32 semaines) et modérée (entre 32 et 36 semaines). » Depuis les confinements successifs de 2020 pourtant, ce pourcentage s’est réduit de moitié. Une bonne nouvelle évidemment, mais qui met en lumière un dysfonctionnement manifeste de nos sociétés.

Une diminution progressive

Selon les chiffres dévoilés par l’Agence intermutualiste – qui compile les données des sept caisses d’assurance maladie de notre pays – la baisse des naissances prématurées a commencé au moment du premier confinement en mars. Ensuite, le nombre a encore diminué pour atteindre environ 30 % en dessous du niveau de l’année dernière. Et finalement, le déclin n’a plus cessé jusqu’à la fin de l’année 2020. Conséquence : diminution de 59% en soins néonatals non intensifs et de 58% en soins néonatals intensifs.

Est-ce spécifiquement lié au confinement ?

Les spécialistes ne sont pas sûr que les chiffres soient uniquement liés au confinement. Bien sûr, la diminution du stress et de l’activité chez les femmes enceintes ont joué un rôle majeur, mais d’autres éléments ont également été soulevés. Premièrement, la diminution de la pollution atmosphérique a pu avoir un impact positif. Cette dernière est particulièrement néfaste pour les femmes enceintes et les bébés à naître. Deuxièmement, les infections furent moindre chez les femmes enceintes vu que les masques buccaux étaient portés en permanence et que les gens se désinfectaient les mains plus régulièrement. Et troisièmement, les bébés nés par césarienne n’étaient plus systématiquement envoyés en néonatalogie, alors que cela se faisait automatiquement avant la pandémie.

« Nous devrions en tirer des leçons »

Comme l’a exprimé le Pr F. Cool – chef du service de néonatalogie à l’UZ Brussel – à De Standaard : « La question est de savoir ce que nous pouvons apprendre de l’année de la pandémie pour réduire les naissances prématurées à l’avenir. Les chiffres doivent nous faire réfléchir. Je ne dis pas que nous devrions garder chaque femme à la maison dès le premier jour de sa grossesse. Mais lorsque les chiffres plus détaillés seront disponibles, et que nous pourrons comparer les statistiques avec celles d’autres pays, nous devrions en tirer des leçons. Les naissances prématurées sont constantes depuis des années, et elles peuvent être fortement influencées par les changements de mode de vie. La question est de savoir lesquels de ces changements sont socialement viables ».

 

À LIRE AUSSI

Focus sur les émotions des professionnels de l’enfance en temps de Covid-19

La File, Fédération des initiatives locales pour l’enfance, a récemment mis en ligne une série de trois conférences destinées aux professionnels de l’accueil de l’enfance, dont la première aborde la question des émotions des professionnels durant cette crise sanitaire. 

Partant des réponses aux questions posées à ces professionnels — « Qu’est-ce qui est difficile à gérer pour les professionnels de l’enfance ? Peur, colère, culpabilité… Quelle est la place laissée aux émotions ? Quelles sont les pistes qui peuvent aider pendant cette période ? … » —, Monique Meyfroet, psychologue clinicienne et formatrice, explique l’importance de mettre des mots sur les émotions, de les identifier, les comprendre, les partager mais aussi sur la place des rituels, de la continuité du travail en équipe… Hospichild vous propose ici un compte-rendu écrit et succinct de ce qui s’est dit en substance au sein de cette conférence de 45 minutes. 

La peur, émotion omniprésente

Des témoignages de professionnels de l’enfance en temps de pandémie indiquent que beaucoup de stress est ressenti à cause de la peur d’être contaminé et de contaminer ensuite. La question de la mort est sous-jacente et un sentiment de culpabilité apparaît constamment. La peur est épaisse et presque palpable tant elle est intense. Pourtant, la peur en général n’est pas toujours négative vu qu’elle permet d’éviter les dangers. Mais dans ce cas-ci, le danger est invisible, ce qui change clairement la donne. Quoi qu’il en soit, ressentir de la peur est normal et n’est pas un signe de faiblesse, surtout en ce moment. Ce qui est important, c’est de pouvoir vivre avec cette émotion et faire en sorte qu’elle ne nous submerge pas. 

De l’importance de laisser s’exprimer ses émotions

On dit parfois qu’il faudrait inhiber ses émotions quand on est professionnel, mais c’est faux. Surtout en présence d’enfants qui sont de véritables éponges émotionnelles. Il faut au contraire leur parler, leur expliquer ce qu’on ressent afin de leur permettre de ressentir à leur tour. Les enfants se sentiront alors plus légitimes d’être tristes, angoissés, énervés… s’ils sont compris et rassurés.

Gestion des émotions en équipe professionnelle

La dynamique d’équipe est précieuse dans les moments de tension comme on en vit beaucoup actuellement. Quand un membre de l’équipe est malade ou écarté, la charge de travail pèse sur les collègues et rend la situation compliquée pour tous. Pourtant, peu de réunions d’équipe sont organisées, soit par manque de temps, soit pour raisons sanitaires, alors que c’est justement en ce moment que le personnel a envie de s’exprimer, de relâcher la pression, d’expliquer clairement ce qui ne va pas. Le virus nous délie les uns des autres et on finit par penser que tous les liens deviennent toxiques et dangereux. Or, il est très important de continuer à vivre et à honorer tous ces rituels qui sacralisent par exemple un passage à la retraite ou le départ d’un enfant…

« On garde la technique, mais on perd le sens »

À cause des contacts déliés avec les enfants et avec les autres membres du personnel, le professionnel se retrouve à pratiquer son métier techniquement correctement, mais avec la dimension humaine en moins. Quelque part, on garde la technique, mais on perd le sens profond de ces métiers de contacts auprès des enfants. Même concernant la distance imposée entre collègues, le fait de ne plus pouvoir manger ensemble, de plus pouvoir échanger ou décharger ses tensions… tout cela nuit gravement à la construction quotidienne du métier. Il faut trouver des moyens simples de pouvoir continuer à communiquer par l’intermédiaire de tableaux, par des petits mots, par visioconférence aussi… afin de garder, encore une fois, du sens dans ce qu’on fait.

La solution du médiateur pour décharger les tensions

Il faudrait absolument que les équipes soient suivies, ou du moins qu’elles aient la possibilité de faire appel à un médiateur pour se décharger de ce qui ne va pas au travail. Quelqu’un d’extérieur à l’équipe tel qu’un psychologue devrait systématiquement être joignable afin d’entendre et de conseiller le professionnel. Ce maillon extérieur doit être à l’écoute des besoins et essayer de trouver, en concertation avec le soignant ou l’accompagnant, des petites choses concrètes et quotidiennes capables d’améliorer la situation. En résumé, le professionnel doit pouvoir bénéficier lui-même de soins psychologiques pour pouvoir accompagner les autres au mieux.

 

Visionner la vidéo sur la page Youtube de La File 

 

À LIRE AUSSI :