Le soignant n’est ni infaillible, ni sorcier, ni omnipotent, mais dans l’exercice de son art, il est un artisan que l’on doit accompagner institutionnellement et personnellement pour le bien-être de tous les patients. En effet, la société actuelle est complexe, multiple, exigeante et impose aux soignants autant de défis à relever chaque jour.
Concrètement, sur le terrain, les causes de la souffrance du soignant sont extrêmement variées et semblent l’enserrer de toutes parts.
La souffrance des soignants et des accompagnants
Les soignants sont menacés d’épuisement ou de burn out par divers facteurs :
- Le manque chronique de personnel (problème de société)
- La confrontation à la mort et au deuil
- L’impuissance à toujours guérir ou épargner la souffrance ou la douleur
- Les « déceptions » par rapport à leur idéal en début de carrière
Les signes d’épuisement physiques et psychologiques sont de plusieurs ordre :
- Troubles au point de vue physique (problèmes de sommeil, troubles alimentaires, fatigue chronique, somatisations)
- Troubles au point de vue psychologique : troubles de l’humeur jusqu’à la dépression, rumination, symptômes de stress tels que l’angoisse, l’irritabilité, dévalorisation et addictions diverses
- Troubles du point de vue social : vécu de « décalage » social, désocialisation ou copinage addictif
Dans les équipes, la confrontation à l’impuissance, à la mort et au deuil entraîne une solidarité parfois appréciable, mais provoque aussi des tensions et des conflits dont l’objet n’est souvent que le prétexte à évacuer son stress.
Vis à vis du patient
Le soignant est parfois amené à surinvestir un patient ou une famille qui le touche particulièrement eu égard à son vécu personnel. Autant l’investissement envers le patient est indispensable à son bien-être, autant il est important pour le soignant de trouver la bonne distance thérapeutique ; surtout lorsqu’il s’agit de patients chroniques.
Le soignant en souffrance est parfois amené, pour protéger son équilibre, à éviter la communication avec le patient :
- Évitement de la question de la vérité
- Évitement de l’engagement relationnel répété avec un patient
- Agression du patient et de sa famille lorsqu’ils sont vécus comme abusifs ou agresseurs
Solutions possibles dans les hôpitaux
Les groupes de parole : déposer son vécu
Les groupes de parole sont organisés à l’intérieur d’un service, pour un groupe de collègues, ou un groupe pluridisciplinaire. Ces groupes permettent de déposer son vécu, de partager son expérience en présence d’un tiers. Malgré la confidentialité requise, montrer sa vulnérabilité à ses collègues est difficile pour les soignants.
Les réunions d’études de cas : analyse et mise en route d’attitudes et d’actes thérapeutiques
Les réunions d’études de cas concernant la pathologie physique des patients ont lieu lors des tours de salle dans les hôpitaux. Elles permettent une cohérence sur le projet thérapeutique. Si les réunions de soignants se déroulent en équipe interdisciplinaire, elles permettent l’échange d’informations et les interventions concertées des différents intervenants.
Ceci pourrait permettre la compréhension par tous de ce qui est fait et pourquoi ainsi que la coordination judicieuse des prises de décisions.
En ce qui concerne les situations délicates au point de vue psychologique ou éthique, les réunions d’étude de cas en équipe interdisciplinaire permettent une analyse de la situation qui débouche sur une compréhension et une intervention judicieuses.
L’étude de cas est un moment « rassembleur », on vient légitimer un travail collectif qui permet aux soignants d’expliciter leurs difficultés ou leurs vécus et de trouver écoute et solutions, même si elles sont parfois partielles.