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Reportage à la Maison Ronald McDonald, un lieu qui rapproche l’enfant hospitalisé de sa famille

La Maison Ronald McDonald de Bruxelles offre un foyer paisible et chaleureux aux parents d’enfants hospitalisés à l’UZ Brussel ou dans d’autres hôpitaux à proximité. Les parents, les frères et sœurs peuvent y séjourner à deux pas de l’hôpital pour aller voir l’enfant malade tous les jours. Ce dernier peut ainsi maintenir son équilibre émotionnel pendant son séjour à l’hôpital et recevoir autant d’amour et de soutien que nécessaire. Ce qui est fondamental pour le bon déroulement du processus de guérison, qui, selon une étude, serait grandement accéléré si les enfants sont entourés par leur famille. Un tel lieu est donc essentiel à bien des égards. Hospichild s’y est rendu pour vous et a eu droit à une visite des lieux par Ingrid Vanlerberghe, la directrice de la Maison. Reportage.

Enfants hospitalisés répit
Keeping families close – ©Sofia Douieb

 

Comme sortant de terre, un cube vitré interpelle et dénote dans le paysage verdoyant. Une banderole, une affiche et un écriteau  indiquent discrètement : Fonds Ronald McDonald pour les enfants de Belgique – « Keeping families close ». C’est le bon endroit. La porte s’ouvre sur une cage d’escalier baignée d’une lumière orangée reflétée par les vitres recouvertes d’un filtre coloré.

Ingrid Vanlerberghe, directrice des lieux – ©Sofia Douieb

Au bas des marches, Ingrid Vanlerberghe, la nouvelle directrice des lieux, arbore un grand sourire. « Bienvenue à la Maison Ronald McDonald », lance t-elle avec enthousiasme. Autour de nous, l’espace est immense et entièrement tourné vers les deux immenses terrasses. Le soleil se reflète ici et là sur les murs blancs, donnant une impression de chaleur et d’extrême luminosité. La visite peut commencer.

Un lieu de répit ouvert aux familles d’enfants hospitalisés

Inaugurée en novembre 2019 par le Fonds international Ronald McDonald, la Maison du même nom, première à Bruxelles, 368e dans le monde, est flambant neuve et chaleureuse. Elle est décorée avec goût, pleine de couleurs et les lieux semblent avoir été pensés pour offrir à la fois des espaces communs et des coins plus cosy où l’intimité est respectée.

Coin repas – ©Sofia Douieb

« Nous sommes ici dans l’espace de vie composé d’une cuisine toute équipée et d’un grand coin repas. Les familles peuvent se faire à manger, prendre un café, se servir des boissons (mises à disposition gratuitement) », commence Ingrid d’entrée de jeu. « Mais c’est aussi un lieu de vie pour socialiser avec d’autres résidents et sortir de l’isolement. D’autant plus qu’ils sont tous confrontés à l’hospitalisation de leur enfant et peuvent donc partager leur expérience commune et se sentir moins seuls. Pour les fratries, une salle de jeux avec télévision et multiples peluches, jouets, légos… est libre d’accès. Une autre petite salle, plus isolée, avec un canapé et une bibliothèque, permet d’avoir plus d’intimité quand, par exemple, les grands-parents viennent à la Maison. Et puis bien sûr, les deux grandes terrasses offrent la possibilité de s’aérer ou de prendre le soleil. Dans l’espace nuit, dix belles chambres, avec vue sur la forêt, sont toutes composées de deux lits confortables, d’une toilette séparée et d’une grande salle de douche. » Ce confort peut paraître superflu ou secondaire dans des moments douloureux tels que la maladie et l’hospitalisation d’un enfant, mais il permet au contraire d’améliorer le repos des familles et de leur offrir de réels moments de répit.

Des conditions d’accès peu restrictives

Pour accéder à la Maison, que ce soit pendant une nuit ou pendant plusieurs mois, peu de conditions sont imposées. La seule restriction, c’est que l’enfant soit bel et bien hospitalisé dans un hôpital à proximité, quel qu’il soit. Une fois hébergées, les familles doivent contribuer à hauteur de 15 euros par jour (5 euros avec le tarif social). Malgré cela, et certainement à cause du Covid-19, la capacité maximale est rarement atteinte. « Je ne comprends pas pourquoi les familles ne font pas plus souvent appel à nous alors que les hôpitaux, surtout l’UZ, parlent forcément de la Maison comme solution d’hébergement… », s’étonne la directrice qui aimerait que l’établissement serve au maximum de parents ou frères et sœurs en détresse.

Activités et initiatives en cours ou à venir

Freinées par la pandémie, les activités à la Maison Ronald McDonald n’ont pas pu pleinement se développer. Ce ne sont pourtant pas les idées qui manquent de la part des trente bénévoles qui se succèdent à la Maison. Maintenant que les initiatives peuvent reprendre plus ou moins sereinement, il est par exemple question de proposer aux résidents des soins à domicile (coiffeur, pédicure, massage…), des cours de cuisine, du jardinage, du soutien aux familles, des animations pour les enfants (chasse aux oeufs à Pâques, visite du père Noël…)

Mascotte distribuée à tous les enfants hospitalisés de Belgique à Noël – © Sofia Douieb

Mais Ingrid Vanlerberghe met en garde : « Les activités, c’est bien, mais on ne veut rien imposer de trop lourd aux familles. L’idée première c’est qu’ils se reposent et qu’ils n’aient pas à se préoccuper d’autre chose que de leur enfant malade. La salle commune ne doit pas être trop encombrée ou bruyante et le choix de participer, ou non, à une activité devra être pris en concertation avec l’ensemble des résidents. »

Les autres actions du Fonds Ronald McDonald en Belgique

En Belgique, le Fonds Ronald McDonald pour les Enfants ne s’est pas contenté de financer la Maison du même nom. Il soutient également, depuis plusieurs années, d’autres initiatives telles que l’action « Offrons un sourire » ou la distribution massive, à tous les enfants hospitalisés, d’un lapin en peluche à la période de Noël. Concernant « Offrons un sourire », c’est un projet qui a pour but d’aider financièrement et affectivement les familles d’enfants nés avec une fente labiale, maxillaire ou palatine. Depuis 2001, le projet a déjà aidé plus de 1.600 enfants.

Contact et informations

Voici quelques liens vers les projets tout juste évoqués :

                                 Sofia Douieb

 

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Musique en pédiatrie : une matinée avec l’asbl « Une note pour chacun »

Depuis 1992, 30 ans ce mois d’avril, l’asbl Une note pour chacun organise des activités musicales pour les enfants malades dans quatre hôpitaux bruxellois. Grâce à leurs instruments, les musiciens introduisent une dimension créative et imaginaire au cœur des services pédiatriques. Le temps d’une matinée, Hospichild a accompagné Christian Merveille, président de l’association, musicien et poète, ainsi que Pascale de Laveleye, fondatrice et musicienne, au sein de la petite école de l’Hôpital des Enfants. Reportage. 

Pascale de Laveleye, fondatrice et musicienne et Christian Merveille, président de l’association, musicien et poète –  © Sofia Douieb

 

Dans la classe maternelle de l’école Robert Dubois ce matin-là, une ribambelle d’enfants, malades et/ou hospitalisés au sein du service pédiatrique de l’Huderf, s’étaient regroupés autour de la grande table où des jus, des biscuits et toute sortes de petits encas leur étaient proposé. Parmi eux, certains étaient sous oxygène, d’autres portaient des bandages ici ou là, d’autres encore étaient assis sur des chaises roulantes. Mais tous chantaient à tue-tête en riant de bon cœur. Leur chef d’orchestre : Pascale de Laveleye, fondatrice d’Une note pour chacun et musicienne. Ils entonnaient les paroles de « Marmiton », une chanson que les enfants ont eux-mêmes écrite et enregistrée (dans le cadre du projet « La culture a de la classe » subsidié par la Cocof).

Création de chansons avec les élèves de l’école Robert Dubois

Cette matinée avec les enfants était particulière, voire symbolique. Les deux membres de l’association sont venus remettre des CD aux enfants ; le fruit de leur travail. Mais seules les voix de certains d’entre eux figurent effectivement sur « Marmiton ». Forcément ils ne sont, pour la plupart, que de passage dans cette école et heureusement d’ailleurs, parce que ça veut dire qu’ils vont mieux, qu’ils sont peut-être même guéris. Ce projet d’enregistrement d’un disque est un des nombreux projets de l’association. Sur une durée de trois mois, une fois par an, deux musicien.ne.s proposent aux enfants d’écrire des paroles, de choisir la musique qui leur plait, d’enregistrer leur voix, de dessiner la pochette du disque…

© Sofia Douieb

Apprendre à s’exprimer par le chant et la musique

Cette année, il y a donc le CD « Marmiton » sur le thème de la cuisine et celui d’« Europa », enregistré avec les élèves de primaire, qui parle de la vision qu’ils ont de l’Europe. « En plus de s’amuser et de collaborer à un projet artistique, les enfants apprennent des choses. Le sujet est intégré au cours pour l’approfondir et ancrer la connaissance. C’est un réel enrichissement pour eux d’aborder des thématiques en musique », a expliqué l’une des maitresses, tout en rangeant les petits bols multicolores. Et puis le côté thérapeutique du chant et de la musique sont bel et présents. Ces instants permettent aux enfants de s’évader quelques heures, de s’exprimer, d’être des artistes et non pas juste des malades au sein d’un hôpital… Quand ils écoutent ensuite le résultat de cette collaboration, même s’ils ne sont plus malades, les enfants se rappellent de leur ancienne condition et gardent ce CD comme une trace ou un talisman.

Collaborations avec de grands artistes : « Nous faisons de la musique de qualité ! »

« En plus, nous faisons de la musique de qualité », intervint alors Christian Merveille. « Savez-vous que nous avons collaboré avec de très grands artistes comme Adamo, Marka et bien sûr José Van Dam, qui est notre parrain ? Quand les textes et les airs musicaux élaborés par les enfants sont chantés par de grandes voix, c’est forcément plus porteurs et ils en sont tous très fiers. » Bien que ces collaborations datent un peu, le symbole reste bien présent et donne une certaine prestance à l’association. Ces artistes sont venus rendre visite plusieurs fois aux enfants, en se mettant à leur hauteur. Christian Merveille a par exemple raconté : « Un jour, José Van Dam est arrivé avec une belle boite remplie de bonbons ; il en a proposé à un petit garçon ayant le diabète et ne pouvant donc pas en manger. Ni une ni deux, il a renversé les friandises sur la table et lui a dit qu’il aurait alors la boîte rien que pour lui… » Si, la plupart du temps, les chansons n’évoquent pas la maladie ou l’hospitalisation, il est arrivé que certaines en parle. C’est notamment le cas du CD « Attrape ma chanson » qui parle des maladies qui ne sont pas contagieuses ; qui ne s’attrapent pas, mais qui font quand même peur au grand public. À tel point que, bien souvent, les enfants sont discriminés ou rejetés de la société.

Cours de musique et chansons à la carte dans les services pédiatriques

Frédérique Fremaux
Frédérique Fremaux, directrice de l’École Robert Dubois – © Sofia Douieb

Quand ils ne créent pas de chansons avec les petits élèves, les six musiciens d’Une note pour chacun se relaient au sein des services pédiatriques de quatre hôpitaux différents : Erasme, Saint-Luc, Saint-Pierre et l’Hôpital des Enfants. « Pendant le confinement, on n’a pas pu se rendre sur place, alors on utilisait Zoom via un robot qui roulait vers les lits des patients. Ce n’était pas l’idéal forcément, mais ça nous a permis de garder le contact », s’est exprimé Pascale de Laveleye. « À présent qu’on peut y retourner, les activités ont repris comme avant : chant dans les chambres, cours de musique… » 

Quelques mots sur l’école Robert Dubois

L’initiative de création de chansons est donc initiée par l’asbl Une note pour chacun et a lieu à l’école Robert Dubois. Pour rappel, c’est un réseau d’écoles d’enseignement spécialisé de type 5. Les sept implantations réparties sur tout le territoire bruxellois sont destinées à accueillir des enfants et des adolescents hospitalisés ou qui suivent un traitement ambulatoire (hospitalisation de jour). Le site visité est le principal ; celui relié à l’Huderf. Les cours sont donnés soit en classe, soit au chevet de l’enfant au sein des différentes unités. Pour en parler brièvement, la directrice des lieux, Frédérique Fremaux : « Les enseignants suivent le programme de l’école de l’enfant et se calquent sur son niveau. Il est essentiel qu’il ne prenne pas de retard et maintienne ses capacités. Il y a néanmoins une dimension moins contraignante puisque c’est plus un droit qu’une obligation. Et un accent particulier est mis sur l’intervention d’artistes : des musiciens, des comédiens, des clowns, des acrobates… Des sorties au théâtre, au musée, à la bibliothèque sont également prévues quand la santé des enfants le permet. Il s’agit de créer pour eux un environnement positif, un genre de bulle bienveillante où ils ne sont rien d’autre que des enfants. »

Sofia Douieb

 

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Inclusion et extrascolaire : focus sur la nouvelle association Saola

L’extrascolaire pour les enfants porteurs d’un handicap est encore trop peu développé à Bruxelles ; surtout quand il s’agit d’un accueil dit inclusif (autant pour les enfants ordinaires qu’extraordinaires). La nouvelle association Saola, qui propose des activités artistiques ou sportives, vient donc pallier un manque criant dans le secteur. Camille Bernier, ergothérapeute et co-fondatrice de l’asbl, a répondu aux questions d’Hospichild.

art therapy

L’asbl Saola est née en mai de l’an passé. Elle propose, en toute inclusion et en trois langues (français, anglais et espagnol) – bientôt quatre (néerlandais) -, des activités sportives ou artistiques destinées aux enfants (de 4 à 12 ans) en situation de handicap léger à modéré. L’accueil se passe le mercredi après-midi et durant une partie des vacances scolaires. À la base du projet : Ashley Hall, professeure et éducatrice spécialisée, et Camille Bernier, ergothérapeute. Toutes les deux travaillent à la ACE of Brussels school, une école en partie inclusive, privée et internationale à Auderghem ; lieu bien équipé qui héberge les activités de la nouvelle association. Interview avec Camille, une des co-fondatrices.

Comment avez-vous eu l’idée d’une telle asbl ?

« Dans le cadre de mon travail d’ergothérapeute à l’école inclusive ACE of Brussels school, je recevais souvent des demandes de parents souhaitant inscrire leur enfant en situation handicap dans une activité extrascolaire. Ne trouvant que peu de résultats, nous nous sommes dits, avec ma patronne Ashley, que nous avions les compétences nécessaires pour proposer nous-mêmes des activités en dehors des cours ; pour pallier un manque manifeste dans ce secteur. Mais l’idée n’était pas de proposer cela uniquement aux élèves de l’école, mais bien à tous ceux qui voudraient en profiter, autant les enfants avec un handicap que les autres (des frères et sœurs en général). »

Quelles sont concrètement les activités proposées et comment s’y inscrire ?

« Via notre tout récent site web, les parents peuvent trouver un résumé des activités proposées chaque mercredi après-midi : art, natation, football et d’autres sports. Si ça leur parle et qu’ils veulent inscrire leur enfant, un formulaire doit être rempli avec un certains nombre de demandes sur l’enfant. Car nous ne sommes pas équipés pour accueillir des enfants trop lourdement handicapés. Actuellement, le cours du mercredi accueille 12 enfants (handicapés ou non), encadrés par trois accueillantes spécialisées (dont moi) qui parlent toutes plusieurs langues. Ceux qui inscrivent leur enfant le mercredi pourront ensuite être prioritaires pour les stages organisés durant une partie des vacances scolaires. »

Quid des stages durant les vacances ?

« Cet aspect-là n’est pas encore très développé puisque nous avons juste organisé des stages en août passé ; toujours dans les locaux de l’école. Mais d’autres camps arrivent, notamment une semaine à Pâques et trois semaines en été. Chaque semaine contient un thème différent et les activités proposées quotidiennement sont toutes basées sur ce thème. Les thèmes déjà choisis l’an passé : la semaine olympique et la semaine des super-héros. Nous réfléchissons aussi à garder les enfants en résidence pour alléger encore un peu plus le poids pour les parents et leur accorder du répit. »

Propos recuillis par Sofia Douieb

→ L’extra-scolaire en inclusion à Bruxelles

Outre l’asbl Saola, voici d’autres possibilités d’activités extrascolaires destinées autant aux enfants en situation de handicap, qu’aux enfants ordinaires (fratries ou non) :

  •  La septantième est une unité de scoutisme ouverte aux enfants présentant un retard de développement mental, qui mène avec eux diverses activités adaptées aussi bien aux enfants différents qu’aux autres.
  •  LuAPE est une ludothèque adaptée aux enfants et adultes handicapés située à Woluwe-Saint-Pierre. L’idée d’un tel lieu, ouvert à tous, est de donner la possibilité à ces personnes d’avoir « un accès au rêve, à l’imaginaire et à la créativité ».
  • Hockey Together est une initiative en faveur des personnes moins valides (handicap léger), enfants à partir de 5 ans, jeunes et adultes. L’encadrement est spécifiquement adapté et dispensé par des joueurs confirmés.
  • A.M.A Jeunesse Gym propose des cours inclusifs d’art martial, notamment pour les enfants handicapés mentaux ou physique.
  • JJY-XTRA a pour but de permettre à des jeunes, de 6 à 14 ans, atteints d’un handicap d’intégrer certaines des activités proposées. Un encadrement individuel pourra même être prodigué si nécessaire.
  • Bruxelles-intégration, site internet développé par l’asbl Badje (favorise l’accessibilité des milieux d’accueil extrascolaire aux enfants en situation de handicap), propose une liste d’associations proposant des activités parascolaires pour les enfants ayant tout type de déficience.
  • Le Monde d’Ayden est une pleine de jeux inclusive couverte située à Uccle. Elle est ouverte autant pour les enfants handicapés que pour les enfants ordinaires.

 

 

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Le Pont des Arts : du chevet des enfants hospitalisés à la scène

Le dimanche 23 janvier dernier a eu lieu une représentation théâtrale toute particulière aux Riches Claires. L’asbl le Pont des Arts, dont les artistes se produisent généralement au chevet des enfants hospitalisés, était pour la première fois à l’affiche d’un théâtre. Deux spectacles – l’un de contes, l’autre de danse – qui ont enchanté petits et grands l’espace d’un après-midi.

Le Pont des Arts
©Sofia Douieb

 

Le mois dernier, le Pont des Arts sortait son tout premier livre intitulé « Le Cirque du Vent ». Ce mois-ci, c’est sur scène que les artistes de l’asbl montaient quasiment pour la première fois. Une représentation unique (quoique ?) pour récolter des fonds, mais surtout pour montrer à tous ce qui est habituellement réservé aux jeunes patients hospitalisés à ErasmeSaint-LucSaint-JeanSaint-PierreHuderf

« Le Cirque du Vent » : après le livre, le spectacle

Dans la belle salle aux sièges rouges du théâtre Les Riches-Claires, remplie de petits et grands spectateurs, la lumière s’est allumée sur les deux comédiens du jour : Gauvain Duffy et Véro Vandegh. À la base, le premier est auteur et conteur et la deuxième est artiste plasticienne. À deux, ils ont créé un court spectacle nommé « Le Cirque du Vent » qui devait normalement être joué « au pied du lit » des enfants hospitalisés. Faute de pouvoir concrétiser ces minis-représentations, crise sanitaire oblige, le spectacle s’est transformé en livre illustré de gravures. Et ce dimanche 23 janvier, il a à nouveau pu reprendre sa forme initiale ; sur une grande scène, qui plus est. Gauvain et Véro, au travers des différents personnages du bateau-cirque « La Tempérance », nous emportent dans un tourbillon d’histoires et de vécus pas toujours roses. Le conte est beau et fait voyager. Les gravures de Véro sont omniprésentes et permettent de rentrer encore un peu plus dans l’histoire. On rit, on s’émeut et on se met à la place de ces enfants hospitalisés qui doivent certainement ressentir les mêmes émotions en assistant au « Cirque du Vent ». On ne peut alors que remercier le Pont des Arts et ses artistes de leur donner un peu de joie dans leurs tourments.

→ Plus d’infos sur le  « Cirque du Vent »

« Suksu Muksu », de la danse tout en poésie

Place ensuite au deuxième spectacle, de danse cette fois. Suksu Muksu, dans la langue grecque, indique les fragments d’un discours rapporté que l’on n’a pas bien écouté ou auquel on n’a pas prêté attention. Margarita Dakou et Maxime Loye, également artistes au sein de l’asbl Le Pont des Arts, ont dialogué en mouvement sur des chemins qui se croisent sans pour autant se rejoindre. On sent l’incompréhension mutuelle, l’agacement, le rapprochement… « Entre danse et cirque, ils courent, cherchent, lancent… pour découvrir un moyen de communiquer. » Ils nous emportent par le rythme tantôt doux, tantôt effréné de leur gestuelle. Pour leur première fois sur scène, la fébrilité des danseurs est palpable, mais attendrit plus qu’elle ne gène. La poésie des mouvements laisse le temps en suspens et permet aux émotions de se déployer, aux rires de s’élever… Encore une fois, et même si le contexte est tout a fait différent, les enfants sur leur lit d’hôpital doivent certainement ressentir, eux aussi, cette magie de l’instant.

Sofia Douieb

→ En savoir plus sur l’asbl Le Pont des Arts et, peut-être, sur ses prochaines représentations théâtrales

 

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Santé mentale : zoom des Mutualités Libres sur l’impact du Covid chez les jeunes

Déjà presque 2 ans que le Covid gère nos vies. Avec des conséquences plus néfastes sur la santé mentale de certaines catégories de personnes, dont les jeunes. Le symposium « J’avais 20 ans en 2020 » des Mutualités Libres, diffusé en ligne début décembre, a permis à de nombreux jeunes, experts ou acteurs du terrain de s’exprimer sur l’impact parfois désastreux de la pandémie. Compte-rendu. 

Pour intervenir au sein de ce symposium 100% digital qui a rassemblé par moins de 350 personnes :

  • Dr. Hans Kluge, directeur de l’OMS Santé Europe
  • Frank Vandenbroucke, ministre des Affaires sociales et de la Santé
  • Xavier Brenez, directeur général des Mutualités Libres
  • Prof. Dr. Véronique Delvenne, psychiatre de l’enfant et de l’adolescent, Chef de service de Pédopsychiatrie à HUDERF, Professeur de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent  à l’ULB
  • Prof. Dr. Ronny Bruffaerts, psychologue, Docteur en Sciences Médicales, Professeur de Psychiatrie au KULeuven
  • Eveline Couck, Public Affairs Officer UNICEF

« L’impact pourrait durer toute la vie si des solutions ne sont pas vite trouvées »

Première intervention par le Dr. Hans Kluge, directeur de l’OMS Santé pour l’Europe, qui a commencé par avancer quelques conséquences assez préoccupantes du Covid chez les jeunes : baisse de 17% du bien-être mental (déclaré), augmentation du chômage, hausse de la pauvreté et de la délinquance, risque plus élevé de décès prématurés… Un impact à multiples facteurs donc, qui, selon H. Kluge, pourrait durer toute la vie si des solutions ne sont pas vite trouvées. « Il faut changer la vision de la santé mentale pour une meilleure compréhension commune et unir les forces entre secteurs ! », insiste-t-il. Et en terme de solutions face à cette crise, l’OMS n’a pas chômé : engagement de jeunes pour créer une alliance, main tendue aux initiatives de solutions innovantes, création d’un nouveau cadre européen sur les questions de santé mentale, appel aux écoles et universités pour améliorer l’apprentissage socio-emotionnel, mise sur pied d’une coalition Santé Mentale pour l’échange de bonnes pratiques…

Un Ministre de la Santé préoccupé

Place ensuite au discours préenregistré par le Ministre Franck Vandenbroucke. Il a exprimé sa profonde inquiétude face à la situation et s’est prononcé sur les solutions et les moyens alloués depuis le début de la crise.

Quand les jeunes témoignent

Petit intermède émotion pour poursuivre, au sein duquel les jeunes eux-mêmes ont pris la parole. Quatre visions pour quatre vécus différents de la crise. Certains s’y sont résolus, d’autres ont failli se suicider. « J’ai fait une petite bêtise ; j’ai pris plein de médicaments d’un coup… », a avoué une jeune fille en ajoutant qu’il ne faut pas avoir peur de parler de ses problèmes à un professionnel. Un autre garçon ne s’est, par contre, pas vraiment senti affligé, mais entendait autour de lui des gens qui n’allaient vraiment pas bien. « J’ai vraiment ressenti un impact sur ma santé mentale, car je ne me sentais plus du tout à l’aise avec moi-même », a encore exprimé un jeune.

En fin de symposium, lors du débat, Loredana, membre du conseil des jeunes au gouvernement, a réagi à ces clips vidéos : « Je me suis vraiment reconnue et j’ai beaucoup d’empathie pour eux. Je suis passée par différentes humeurs moi aussi, mais la plupart du temps, je me sentais seule face à mes cours à distance ; j’ai ressenti des doutes, de l’incertitude, c’était réellement difficile. » Elle a ensuite rappelé qu’il faut prendre les jeunes au sérieux et ne pas les stigmatiser ; « ne pas minimiser le fait qu’on souffre nous aussi ».

Résultats de l’enquête des Mutualités Libres

Pour bien faire comprendre l’ampleur du problème, Xavier Brenez, directeur général des Mutualités Libres, a laissé les chiffres et les données parler à sa place. Voici donc quelques résultats de l’enquête effectuée en septembre par la mutualité sur l’impact du Covid sur la santé mentale des jeunes (1.000 jeunes entre 15 et 25 interrogés) : le taux de suicide a grandement augmenté (la Belgique est désormais 11e mondiale) ; 12% des jeunes prennent des médicaments pour mieux dormir ; 80.000 jeunes ont été admis à l’hôpital ou dans d’autres institutions pour des problèmes de santé mentale ; il y a eu 200.000 télécommunications avec des psys ; la consommation d’antidépresseurs a augmenté ; 80% des jeunes ont ressenti un impact sur leur vie sociale ; 58% sur leur santé mentale ; 48% sur leur santé physique ; 40% sur leurs finances ; les filles semblent être plus impactées que les garçons et prennent plus d’antidépresseurs ; plus d’1/3 ont hésité ou hésitent encore à demander de l’aide ; la plupart ressentent de l’incertitude et de l’insécurité ; ils souffrent de la privation de liberté et de la solitude… Ce qu’il faut dès lors, c’est protéger ces jeunes contre les préjugés et la stigmatisation. Il faudrait aussi des aides psychologiques plus accessibles aux jeunes (applications, suivi en ligne…), ainsi qu’une réduction drastique de l’attente  lorsque la démarche d’aide est entamée.

Voici finalement ce que recommandent les Mutualités Libres :

Des urgences pédopsychiatriques complètement saturées

Pour la Prof. et Dr. Véronique Delvenne, psychiatre de l’enfant et de l’adolescent, chef de service de Pédopsychiatrie à l’HUDERF et Professeur de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à l’ULB, le pic des problèmes de Santé Mentale chez les jeunes était prévisible, mais s’est accéléré à cause de la crise. Ces jeunes sont dans une période de transition entre l’enfance et l’âge adulte et cela les rend particulièrement vulnérables. Depuis la fin de l’année 2020 jusqu’à aujourd’hui, les urgences pédopsychiatriques sont totalement saturées. En février 2021, l’Hôpital des Enfants a littéralement crié à l’aide auprès du ministère de la Santé ; un cri heureusement entendu. Mais cela n’empêche pas les hospitalisations pour mutilations, pour violences pour dépressions… Comme le Dr. Hans Kluge, le Dr. V. Delvenne insiste : « Un traumatisme, même léger, pendant la période de transition de l’enfance à l’âge adulte, peut s’aggraver s’il n’est pas traité précocement. »

Santé psychique des adultes en devenir

Avant dernière intervention par Ronny Bruffaerts, psychologue, Docteur en Sciences Médicales, Professeur de Psychiatrie au KULeuven. Il a principalement parlé de l’importance d’offrir à ces jeunes en transition des soins psychologiques appropriés afin que les effets s’en ressentent à long terme. Généralement, ceux qui avaient déjà des troubles légers sont plus susceptibles de développer des pathologies plus lourdes après une période de crise comme celle-ci. Ceux qui n’avaient pas de troubles ont quand même été touchés au niveau émotionnel. Beaucoup ont peur de l’avenir et ressentent des sentiments contradictoires face à leur futur. Il faut donc rester attentif à ce qu’ils puissent accéder à l’aide proposée en la rendant la plus accessible possible.

UNICEF en action : « What do you think ? »

Finalement, Eveline Couck, Public Affairs Officer à l’UNICEF, est venue présenter le projet « What do you think ? » qui consiste à entendre les jeunes sur toute sorte de sujets qui les concernent. Bien sûr la pandémie était l’un des sujets abordé. Voici par exemple un témoignage recueilli : « Il faudrait que l’on parle plus ouvertement de la santé mentale, afin que les jeunes ne se sentent plus seuls, que ce ne soit pas un tabou et que l’on n’ait pas l’impression d’être le seul dans son entourage à avoir des difficultés. Il faut pouvoir en parler pour que les jeunes osent plus vite demander de l’aide. » Une phrase qui fait clairement écho avec celle prononcée par Loredana, l’une des représentantes des jeunes au gouvernement.

→ Visionner le replay de l’intégralité du symposium juste ici !

Sofia Douieb 

 

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