Actus

Depuis la création de l’Organisation Mondiale de la Santé le 7 avril 1948, on célèbre à cette date la journée mondiale de la santé. Et cette année, l’OMS a choisit comme thème « Notre santé, nos droits » ! L’objectif de cette campagne mondiale est de sensibiliser le grand public aux enjeux sanitaires et d’aspirer à un accès plus aisé aux soins de santé pour tous. Car chaque jour, des vies humaines sont mises à mal et des populations voient leurs droits à la santé être menacés ; que ce soit à cause des conflits, de la pauvreté, des changements climatiques ou encore des problèmes liés à la pollution dans l’air.


Selon le Conseil de l’OMS sur l’économie de la santé pour tous, au moins 140 pays reconnaissent la santé comme un droit humain dans leur constitution. Pourtant, aucun pays n’a adopté ni ne fait appliquer de lois garantissant à sa population le droit d’accéder aux services de santé. Cela explique pourquoi au moins 4,5 milliards de personnes – soit plus de la moitié de la population mondiale – n’étaient pas entièrement couvertes par les services de santé essentiels en 2021.

« Notre santé, nos droits »

Pour accompagner la campagne, le directeur général de l’OMS, le Dr. Tedros Adhanom Ghebreyesus, délivre un message clair :“Que pouvons-nous faire pour faire valoir nos droits à la santé ? Beaucoup ! La priorité est de connaître nos droits ! Nous avons le droit à des services de santé, d’éducation et d’informations de qualité. Notre santé dépend d’une eau potable, d’un air pur et d’une nourriture saine, d’un logement de qualité, d’un environnement et de bonnes conditions et d’un travail décent ou encore d’une certaine liberté, loin des violences et des discriminations.” Il rappelle également toute l’importance d’un accès aux services essentiels sanitaires à moindre coût, que les droits à la santé nous appartiennent et que l’implication de nos communautés est essentielle dans les décisions sur la santé et la responsabilisation de nos pouvoirs publics.

→ Vers la campagne de l’OMS

Pour une prise de conscience

Le message envoyé par l’OMS semble nous rappeler que notre santé est primordiale et qu’il faut en prendre soin. Cela passe par une prise de conscience personnelle sur son propre état mais aussi sur celui de notre entourage, de nos voisins, ainsi que toute personne sur terre. Le thème choisit pour la Journée mondiale de la santé 2024 se focalise sur nos droits à tous, en tant qu’être humain. Pour mettre cela en application, l’Organisation Mondiale de la Santé préconise quelques conseils : faire de la santé une priorité, connaître ses droits en matière de santé, prendre des décisions concernant notre propre santé, protéger nos droits à la santé en tant que droit humain fondamental, promouvoir le droit à la santé en tant que pilier intrinsèque de nos droits humains au sens large.

Que fait concrètement l’OMS ?

L’OMS aide les pays à remplir leurs engagements en assurant un accès sans discrimination à des services de santé de qualité et efficaces, ainsi qu’aux déterminants sous-jacents de la santé. Pour atteindre cet objectif, l’OMS :

  • plaide en faveur du droit à la santé et d’autres droits humains connexes, notamment au moyen de campagnes de communication (en anglais) ;
  • joue un rôle de sensibilisation aux droits humains relatifs à la santé, tels que le droit à des soins de santé sûrs ;
  • aide les pays à intégrer des normes en faveur des droits humains à leurs lois, à leurs programmes de santé et à leurs politiques, notamment en mettant au point des outils et des lignes directrices, tels que des orientations en matière de droits humains dans le cadre de la santé mentale (en anglais) et de la santé sexuelle ou reproductive (en anglais) ;
  • renforce les capacités des décideurs à adopter une approche de la santé fondée sur les droits ;
  • produit des données probantes, des analyses et des recommandations en matière de santé et de droits humains ;
  • collabore avec d’autres entités des Nations Unies pour faire en sorte que ceux-ci soient reconnus comme un pilier essentiel à l’efficacité des services de santé, notamment en mettant en œuvre la Stratégie des Nations Unies pour l’inclusion du handicap à chacun des trois niveaux de l’OMS.

Samuel Walheer

À LIRE AUSSI : 

Santé mentale : la Maison de soins psychiatriques « Titeca » s’agrandit !

Le Centre Hospitalier Jean Titeca est en passe d’augmenter son offre dédiée aux adolescents en souffrance psychique. Grâce à l’acquisition de deux bâtiments pour sa Maison de Soins Psychiatriques, le Centre pourra bientôt proposer plus de places et réduire le temps d’attente dû à une demande continue en Région bruxelloise. Un nouveau projet thérapeutique va également être mis en place. Une bonne nouvelle donc pour les adolescents et leurs parents, qui peinent souvent à trouver une aide appropriée à leurs besoins.


Le Centre Hospitalier Jean Titeca (CHJT) disposait déjà d’un hôpital psychiatrique, de deux maisons de soins psychiatriques ainsi que d’équipes mobiles qui évoluent à Bruxelles. Situé dans une ancienne maison de repos, le projet d’agrandissement de la MSP « Titeca », soutenu par les autorités régionales, débutera en 2026. D’ici là, un accord permet actuellement aux familles en situation irrégulières de profiter du site avant le début des travaux.

La M.S.P

Les deux Maisons de soins psychiatriques du CHJT sont activent et respectivement appelées la MSP « Quatre saisons » et la MSP « Schweitzer ». Comme il est explicitement indiqué sur leur site : « Les Maisons de soins psychiatriques accueillent des personnes qui présentent une maladie mentale stabilisée et qui nécessitent une prise en soin basée sur les principes de la réhabilitation psycho-sociale, associée à des soins médicaux et psychiatriques. Le séjour en MSP peut permettre aux personnes d’acquérir de nouvelles compétences leur permettant ainsi d’envisager un projet de vie élaboré autour du résident et ceci basé sur le rétablissement. »

→ Pour une demande d’admission, : c’est ici.

Quelques mots sur le CHJT

Fort de ses 160 ans d’existence et d’expérience dans les soins en santé mentale, le Centre Hospitalier Jean Titeca accueille des patients adultes et des adolescents principalement sous statut médico-légal (projet UMLP), des patients présentant des troubles sévères du comportement et/ou agressifs (projet PTCA), ainsi que des délinquants juvéniles présentant des troubles psychiatriques (projet Karibu). Il est bien notifié sur leur site que les patients en question présentent le plus souvent des problématiques psychiatriques multidimensionnelles et complexes, associant souffrance psychique et difficultés comportementales et sociales. L’objectif du CHJT est de prodiguer des soins pluridisciplinaires de qualité dans un cadre thérapeutique que l’on peut qualifier de « bientraitant ». La devise de « Titeca » : « Être un hôpital de référence dans la prise en charge de patients psychiatriques, spécialisé en psychiatrie médico-légale, innovant et attentif à ses collaborateurs ».

→ Pour consulter le site CHJT

 

Samuel Walheer

À LIRE AUSSI :

Un Mémorandum en faveur des droits des enfants en Belgique et partout dans le monde

En vue des prochaines élections fédérales, régionales et européennes du 9 juin, un Mémorandum a été publié sur le site d’UNICEF Belgique, développé en collaboration avec une cinquantaine d’organisations de défense des droits de l’enfant. Ce dernier s’intitule « Prendre le parti des enfants en Belgique et dans le monde » et délivre des recommandations à l’attention des différents partis politiques belges. Recommandations qui se basent sur la protection des droits de l’enfant, encore trop souvent mise à mal, et qu’il semble pourtant essentiel de placer au cœur des priorités. Parmi les sujets abordés, il y a la pauvreté, le handicap, la santé, l’aide à la jeunesse ou encore la solidarité internationale.


« Nous avons besoin de nouveaux élus qui protègent et promeuvent les droits de chaque enfant, en Belgique et partout dans le monde. Alors que nous allons célébrer le 35e anniversaire de la Convention relative aux droits de l’enfant, il est du devoir des responsables politiques de protéger les enfants et leurs familles par des réponses d’urgence et de court terme, mais aussi par la mise en œuvre de solutions structurelles et d’avenir. » peut-on lire dans Mémorandum (téléchargeable autant pour les citoyens francophones que néerlandophones).

{Communique de presse intitulé « Prendre le parti des enfants en Belgique et dans le monde. Mémorandum des acteurs des droits de l’enfant pour les élections de juin 2024 », CODE, KIRECO, UNICEF Belgique.}

Un mémorandum pour plus de droits !

Le traité international connu sous le nom de Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE), ou Convention relative aux droits de l’enfant, a été adopté par l’Assemblée générale des Nations unies le 20 novembre 1989. Ce traité énonce les droits essentiels des enfants et est actuellement ratifié par 197 États. La Belgique est l’un des pays les plus riches du monde. Pourtant, les droits d’un trop grand nombre d’enfants y sont menacés, voire bafoués. Les articles de la Convention relative aux droits de l’enfant et les Objectifs de Développement durable constituent le socle de ce mémorandum. Rappelons aussi que les enfants et les jeunes encore mineurs n’ont pas le droit de vote aux élections belges et ne sont donc souvent pas entendus. Ils représentent pourtant plus d’un cinquième de la population belge. Raison pour laquelle il est essentiel d’écouter leurs voix. Dans un esprit de synthèse et de clarté, chacune des fiches thématiques de ce document concerne plus d’un droit de l’enfant.

L’effet boule de neige

Pour un enfant, la pauvreté c’est le début d’une course aux nombreux obstacles. La pauvreté touche tous les pans de sa vie: son accès à l’éducation, aux soins de santé, aux loisirs, aux services d’accueil de la petite enfance, à la culture, … Tous ces maillons des droits des enfants qui semblent parfois « rouillés » à l’épreuve de la pauvreté. Près de 500.000 enfants dans le pays sont confrontés à des risques élevés et persistants de pauvreté, voire d’exclusion sociale. Trop d’enfants en Belgique sont également victimes de problèmes de santé mentale et d’inégalités en termes d’accès aux services d’accueil de la petite enfance et d’éducation. Les différentes crises successives n’ont fait qu’accentuer ces tendances, en frappant les enfants les plus vulnérables, malgré les dispositifs d’aide qui ont été mis en place. Parmi les questions cruciales actuelles (pour les enfants en Belgique et partout dans le monde), qui représentent les principaux points d’attention du Mémorandum, en voici quelques-unes :

Handicap

En Belgique, 6% du total des élèves fréquentent les classes de l’enseignement spécialisé. Cette situation n’est pas toujours un choix. En effet, notre pays compte la plus haute proportion d’élèves dans l’enseignement spécialisé d’Europe. L’inclusion des enfants en situation de handicap dans l’enseignement ordinaire est loin d’être une réalité en Belgique. C’est pourquoi nos organisations plaident pour que tous les enfants en situation de handicap soient accueillis et soutenus, à travers la mise en place d’aménagements des infrastructures scolaires, des transports scolaires mais aussi des lieux où les enfants et les jeunes passent leur temps libre. Tout refus d’inscrire un enfant porteur d’un handicap dans l’enseignement ordinaire est illégal, et depuis 2021, la Constitution garantit aux élèves le droit aux aménagements raisonnables.

Santé

Des études menées depuis de nombreuses années rappellent les grandes inégalités en matière de santé en Belgique et l’importance de renforcer la médecine préventive. Des recherches démontrent également que les enfants vivant dans les quartiers à indice socio-économique faible sont les plus exposés aux risques d’hospitalisation, d’admission dans des établissements psychiatriques et au recours aux soins d’urgence. Autre facteur déterminant sur la santé des enfants en Belgique: la pollution de l’air. Celle-ci est responsable de plus de 1200 décès prématurés par an chez les personnes de moins de 18 ans en Europe. Face à la maladie, il est nécessaire de fournir des soins adaptés aux enfants. La Belgique compte huit ministres compétents en matière de santé pour offrir un véritable accès à des soins de santé gratuits, inclusifs et de qualité à tous les enfants et les adolescents, y compris les plus exclus. Ces efforts doivent aussi porter sur la prévention.

Santé mentale

Dans le monde, un enfant sur quatre vit avec un parent souffrant de troubles mentaux. En Belgique, 16,3% des enfants et adolescents, âgés de 10 à 19 ans, souffrent d’un trouble de la santé mentale diagnostiqué et le suicide est toujours la cause la plus fréquente de décès chez les jeunes âgés de 15 à 29 ans. Des chiffres alarmants car le bien-être psychologique des enfants est la clef de voûte d’un développement harmonieux leur permettant de réaliser leur plein potentiel. On sait que la moitié des troubles mentaux surviennent avant l’âge de 14 ans, mais, souvent, les enfants ne sont pas écoutés et soutenus de manière préventive. de nombreux enfants ne savent toujours pas à qui parler lorsqu’ils se sentent mal. Ils n’ont pas toujours l’idée du meilleur chemin pour trouver l’aide adéquate. Et lorsqu’ils le trouvent, il n’est pas rare que le manque d’écoute adaptée ou l’attente les découragent. Il est donc prioritaire d’investir dans la prévention des troubles de la santé mentale car la santé mentale dépasse les frontières sectorielles et touche bien sûr d’autres secteurs, tels que l’enseignement, les loisirs ou encore l’aide à la jeunesse.

Aide à la jeunesse

Tout le secteur de l’Aide à la jeunesse s’est construit autour de l’idée de protection des enfants qui traversent de graves difficultés. Leur mission est d’accompagner ces enfants et de toujours donner la priorité à l’aide volontaire, ou consentie, par rapport à l’aide contrainte. En outre, lorsque la situation familiale est trop instable, ou néfaste, qu’elle représente un danger immédiat pour l’enfant, les autorités judiciaires ou administratives peuvent extraire l’enfant de son milieu de vie et le placer soit dans une structure communautaire soit dans une famille d’accueil. Les enfants en contact avec l’Aide à la jeunesse sont nombreux. En 2021, un peu moins de 100.000 enfants ont reçu ou demandé de l’aide de ce secteur. 56.000 en Flandre et 42.000 du côté francophone. On compte également près de 8.000 enfants placés soit en famille d’accueil soit en institution pour diverses raisons : difficultés des parents à assumer leur rôle parental, difficultés personnelles des parents, difficultés relationnelles entre adultes de la famille, difficultés de l’enfant lui-même, maltraitance, conditions de vie dégradées, etc.

Violence

Les enfants et les jeunes ont le droit d’être protégés contre toutes les formes de violence. Ce droit, qui devrait être inscrit dans le marbre, comme un rappel permanent de la responsabilité des adultes, n’est pourtant pas pleinement respecté. Les violences à l’encontre des enfants sont loin d’être éradiquées. Celles-ci peuvent prendre plusieurs formes ; physiques, psychologiques ou sexuelles. Les enfants sont aussi victimes de négligences, de la part des adultes, de leur propre famille ou des institutions. À chaque fois, ces violences sont inacceptables et portent atteinte aux droits des enfants. Certaines violences peuvent toucher tous les enfants. À l’école, par exemple, le quotidien des enfants est souvent marqué par le harcèlement. Et puis, il existe aussi les violences dites « éducatives », considérées parfois comme « ordinaires ». La violence dite éducative ordinaire (VdEO) est une violence physique, psychologique et/ou verbale employée dans un but prétendument éducatif.

Solidarité internationale

Ces dernières années ont été incroyablement difficiles pour les populations du monde entier. Les crises majeures auxquelles le monde a été ou est confronté frappent les enfants de plein fouet, aggravant les conséquences déjà graves de la pauvreté chez les enfants et les familles qui vivent dans des pays où les filets de protection sociale sont insuffisants ou inexistants. Et ils sont nombreux. En 2020, plus de 70 millions de personnes ont basculé dans l’extrême pauvreté, portant leur nombre total à 700 millions. Ce sont d’ailleurs les plus jeunes qui éprouvent en premier lieu les chocs économiques et sociaux du monde. Les enfants risquent deux fois plus que les adultes de vivre dans l’extrême pauvreté. À la pauvreté financière s’ajoutent la pauvreté multidimensionnelle avec un milliard d’enfants qui vivent sans accès à l’éducation, à la santé, au logement ou à l’eau. Ce chiffre a augmenté de 15% avec la pandémie. L’accès à l’éducation est un des leviers majeurs pour sortir les enfants de la pauvreté. Malgré des progrès, on compte toujours 244 millions d’enfants non-scolarisés dans le monde, mais surtout en Afrique subsaharienne, où 98 millions d’enfants voient chaque jour leur droit à l’éducation bafoué.

 

Pour télécharger le Mémorandum → c’est par ici

 

À LIRE AUSSI :

Dès 2027, non plus sept, mais trois centres de référence d’oncologie pédiatrique en Belgique

Une réforme sur les soins oncologiques pédiatriques vient d’être approuvée par le conseil des ministres : dès 2027, il n’y aura plus sept, mais trois centres de référence en Belgique (avec des centres satellites pour garantir l’accessibilité). Une bonne nouvelle pour le secteur, puisque cela permettra de concentrer l’expertise en la matière et d’offrir, ainsi, de meilleurs soins aux petits patients. 

« De meilleurs soins aux jeunes patients atteints d’un cancer grâce à une concentration de l’expertise et des ressources ! », a déclaré, ce lundi 25 mars, le ministre Frank Vandenbroucke au sein d’un communiqué. Il se réjouit de l’approbation, par le conseil des ministres, de l’arrêté royal qui fixe les normes en matière d’encadrement, d’infrastructure et de niveau d’activité que le programme de soins spécialisés en cancérologie pédiatrique devra respecter dans un hôpital. Une réforme qui intervient à la demande des oncologues pédiatriques eux-mêmes et fait suite à des recherches scientifiques qui démontrent que la concentration ciblée des cancers pédiatriques augmente la qualité des soins. Ils proposent un centre de référence francophone et deux néerlandophones.

{Communiqué de presse du cabinet du ministre Frank Vandenbroucke}

Moins de centres pour de meilleurs de soins

Afin que les enfants atteints d’un cancer reçoivent le meilleur traitement possible, à l’avenir, un nombre limité de centres de référence spécialisés en hémato-oncologie pédiatrique seront désignés. Ces centres seront chargés d’établir le plan de traitement individuel de chaque enfant et auront la compétence exclusive pour exécuter les traitements complexes prévus dans ces plans. Le ministre des Affaires sociales et de la Santé publique, Frank Vandenbroucke s’en réjouit : « En combinant l’expertise et les ressources, tout en tenant compte au maximum du lieu où les enfants habitent, nous pouvons garantir les meilleurs soins. Nous le faisons dans l’intérêt de tous les jeunes patients atteints d’un cancer. »

Une demande des oncologues eux-mêmes

L’expertise et l’expérience d’une équipe multidisciplinaire – qui ne se limite pas à l’oncologue – sont cruciales pour les maladies complexes et rares, comme les cancers chez l’enfant. La relation entre le nombre de traitements et le résultat des soins a été démontrée de manière concluante dans des publications de revues médicales spécialisées, non seulement pour les cancers chez l’enfant, mais aussi pour plusieurs pathologies oncologiques. Un nombre élevé de patients et donc, une grande expérience pour un hôpital font la différence lorsqu’il s’agit de la vie d’un enfant.

Trois hôpitaux au lieu de sept

Chaque année, environ 400 enfants sont confrontés au cancer en Belgique. Pour pouvoir leur offrir les meilleurs soins, l’expertise sera regroupée dans un nombre limité de centres de référence (programme de soins spécialisés en hémato-oncologie pédiatrique), qui seront chargés du diagnostic, de la consultation multidisciplinaire (incluant l’oncologue, mais aussi le pédiatre et d’autres prestataires qui interviennent dans les soins de l’enfant), et de l’établissement d’un plan de traitement. Les greffes de moelle osseuse, la chirurgie oncologique et d’autres traitements complexes y seront également concentrés. Pour être agréé comme centre de référence, il faut traiter un minimum de 100 nouveaux cas par an. Ce nombre est recommandé par le Réseau européen de référence en oncologie pédiatrique. Cette nouvelle norme concentrera les soins complexes pour les cancers pédiatriques dans trois hôpitaux en Belgique.

Des centres satellites pour garantir l’accessibilité

Élément important : pour que les soins aux enfants soient prodigués le plus près possible de chez eux, il est également prévu que ces centres soient reliés à des centres satellites qui, à leur tour, doivent respecter des normes clairement définies et qui sont désignés par les entités fédérées sur la base de ces normes. Le jeune patient atteint d’un cancer peut s’y rendre pour certaines parties du traitement, comme la chimiothérapie, la revalidation ou, dans le pire des cas, les soins palliatifs. De cette manière, pour la majeure partie de la maladie, l’enfant et sa famille peuvent se rendre dans un centre proche de leur domicile. En outre, toutes les chimiothérapies ne doivent plus absolument être administrées dans un hôpital pour enfants. Une partie minimale du traitement est administrée dans un centre (satellite). Désormais, le reste du traitement peut également être administré à domicile.

Vers de meilleures recherches et de nouveaux traitements innovants

Une réforme similaire a déjà eu lieu en Belgique en 2019 pour le cancer du pancréas. La mortalité à 90 jours après l’opération était, en moyenne, de 7,3 % sur 4 ans. Elle est tombée à 5,1 % en moyenne sur 4 ans, et même à 3,7 % si l’on ne considère que la dernière année. Aux Pays-Bas, 556 enfants (0-18 ans) ont reçu un diagnostic de cancer en 2021. Il y a 10 ans, il a été décidé de concentrer les diagnostics et les traitements complexes dans un seul centre national de référence pour l’oncologie pédiatrique : le Princes Máxima Centrum à Utrecht. La concentration a d’abord porté sur la chirurgie des tumeurs extracrâniennes solides et, depuis 2018, elle a été étendue à toutes les maladies oncologiques pédiatriques. Depuis lors, on y dénombre moins de complications chirurgicales et moins d’admissions aux soins intensifs. Cette concentration attire dans l’hôpital les talents nationaux et internationaux. De plus, de meilleures recherches peuvent être menées sur les cancers infantiles et de nouveaux traitements innovants sont introduits plus rapidement. Mais surtout, la qualité de vie des enfants s’améliore plus vite.

« La concentration n’est pas une fin en soi, contrairement à la santé de l’enfant »

« La concentration des soins n’est pas une fin en soi, Il faut examiner scientifiquement et de manière différenciée pour quelles maladies le patient en tire profit. Ensuite, il faut réfléchir à la meilleure façon de procéder. Il faut concentrer les soins lorsque c’est nécessaire, et les offrir à proximité du patient lorsque c’est possible. Il faut travailler ensemble autour du patient et avec le patient, et non pas travailler les uns contre les autres en fonction de ses propres intérêts », conclut Frank Vandenbroucke, qui a d’ores et déjà annoncé que cette mesure prendra effet au 1er janvier 2027.

 

À LIRE AUSSI:

Enfin un remboursement équitable des séances de logopédie !

Victoire pour le secteur du handicap : les séances de logopédie seront enfin remboursées pour les enfants avec un handicap intellectuel ! Cette décision, attendue depuis des années par les associations de parents et de nombreux professionnels fait suite à une lettre ouverte envoyée le 6 mars dernier – Journée européenne de la logopédie – au ministre de la Santé Publique, Frank Vandenbroucke. Il était question de lui faire entendre une énième fois qu’il n’était pas normal que les frais de logopédie ambulatoire ne soient pas pris en compte si l’enfant présentait un QI inférieur à 86 ou s’il était diagnostiqué avec un trouble du spectre autistique. Au plus grand soulagement du secteur, ces facteurs discriminants viennent d’être supprimés !

Les revendications en faveur d’un remboursement équitable des séances de logopédies perdurent depuis des années. En 2021, des auteurs s’en insurgeaient déjà et lançaient une initiative d’écriture de textes pour se faire entendre. En mai 2022, une manifestation avait lieu pour contester le Plan d’Action Fédéral Handicap 2021-2024 (PAFH) qui ne prévoiyait toujours pas d’amélioration à cette problématique. Cette année, pas moins de 250 associations, soutenues par plus de 5.000 signatures, ont adressés une lettre ouverte aux autorités compétentes. En guise de réponse, le ministre de la Santé Publique avait annoncé répondre par une note d’ici le mois d’avril. Arrivée avec un peu d’avance, la note s’est transformée en une décision plus belle qu’espéré : les séances de logopédie seront enfin remboursées équitablement !

Accord sur la logopédie !

Après des années de tergiversations, le gouvernement fédéral a finalement trouvé une solution pour l’accès à la logopédie des enfants présentant une déficience mentale. Concrètement, cela veut dire que jusqu’au 30 juin 2025, tous les enfants auront accès à des séances de logopédie en mono-disciplinaire, indépendamment de leur QI, sur prescription d’un médecin généraliste. À partir du 1er juillet 2025, les enfants avec un QI inférieur à 70 seront évalués dans un Centre de revalidation ambulatoire (CRA) pour déterminer s’ils nécessitent un accompagnement multidisciplinaire et/ou des séances de logopédie remboursées. Avant cette date, le ministre de la Santé est chargé de mener une étude pour établir les critères d’accès à la logopédie mono-disciplinaire.

Plus qu’une lettre ouverte, un acte citoyen

C’est un grand soulagement pour les associations, francophones comme néerlandophones, aux quatre coins de la Belgique qui ne cessaient de monter au créneau. Parmi elles, Inclusion asbl, qui a toujours été très active en la matière et qui fut à l’initiative de la lettre ouverte envoyée le 6 mars dernier. En voici d’ailleurs un extrait : « Effectuer un suivi logopédique plusieurs fois par semaine demande de la souplesse que seule la logopédie mono-disciplinaire permet suffisamment. Cependant, rien n’empêche de permettre une complémentarité entre les dispositifs en permettant, par exemple, de réaliser un bilan et un suivi pluridisciplinaire, d’une part, tout en effectuant un suivi plus régulier via des prestations mono-disciplinaires, d’autre part. Cet acte solidaire figure comme un appel aux politiques à réagir humainement pour que les enfants concernés puissent évoluer en bénéficiant de séances de logopédie dans les meilleures conditions. »

→ Pour lire la lettre ouverte dans son intégralité : Lettre ouverte à Frank Vandenbroucke

« De la logopédie, peu importe le QI »

Partagées il y a quatre ans sur les réseaux sociaux, une série de courtes vidéos, avec comme slogan « De la logopédie, peu importe le QI », sont toujours révélatrices ! Elles sont désormais la trace de ce combat acharné pour ne plus calculer l‘octroi aux remboursements des séances de logopédie sur base d’un nombre au test QI. La ministre Catherine Fonck s’exprimait ainsi à ce sujet : « Le QI est très difficile à déterminer chez un enfant, vous pouvez le faire trois fois en trois jours et avoir autant de résultats différents en fonction des circonstances, fatigue ou autres. L’enjeu est donc d’éviter la discrimination de ces familles d’autant que ce QI ne donne absolument pas le potentiel futur de l’enfant en termes d’acquis du langage. Et tout ce que l’on ne fait pas maintenant est autant de perdu sur le plan éducatif et social pour les dizaines d’années qui suivront. »

↓ Témoignage de la maman de Juliette, petite fille de 4 ans, porteuse de trisomie 21 

« C’était tout simplement indigne d’un Etat démocratique »

Face à l’incompréhension des parents, associations et autres acteurs de terrains, une certaine révolte légitime s’était installée dans les discours et les actes pour défendre la cause de ces enfants. Car, en effet, selon Bernard Devos, ancien Délégué Général aux Droits de l’enfant, ce critère de 86 au QI – posé de manière aléatoire par l’INAMI – était, déjà il y a quatre ans, à la fois discriminant et illogique. Il insiste : « À cause de ce chiffre aléatoire, on imagine dès lors que les enfants qui ont des résultats insuffisants au test de QI sont ceux qui ont des soucis de langage et de comportement. » Pour Thomas Dabeux de l’asbl Inclusion, cela créait également des difficultés financières indéniables : « Seules les familles avec le plus de moyens pouvaient se permettre de payer les séances de logopédie sans remboursement, entre 200 et 300 euros par mois, les autres étant contraintes de renoncer, au risque d’entraver les chances d’inclusion de leurs enfants dans le futur. »

Texte : Samuel Walheer

 

À LIRE AUSSI :