Depuis ce premier janvier, chaque hôpital belge est censé faire partie d’un réseau locorégional qui doit couvrir entre 400 000 et 500 000 patients. À ce jour, seuls les hôpitaux wallons sont bel et bien organisés en (huit) réseaux. La Flandre, qui comptera maximum 13 réseaux, et Bruxelles, qui s’organisera en quatre réseaux, sont encore en négociations.
Par l’initiative de Maggie De Block, ministre fédérale de la Santé, la loi du 28 février 2019 modifiant « la loi coordonnée du 10 juillet 2008 sur les hôpitaux et autres établissements de soins, en ce qui concerne le réseautage clinique entre hôpitaux » vient d’entrer en vigueur. La volonté des autorités politiques est de rationaliser l’offre en encourageant les établissements à davantage coopérer. Mais avant ça, il faudrait d’abord se mettre d’accord sur les réseaux en question… Ce qui semble particulièrement complexe à Bruxelles.
Deux réseaux bruxellois se dessinent
Les contours d’un réseau d’hôpitaux chrétiens se dessine avec les Cliniques Universitaires Saint-Luc, la Clinique Saint-Jean, les Cliniques de l’Europe ainsi que Saint-Pierre à Ottignies en Brabant wallon.
Un autre réseau néerlandophone devrait regrouper l’UZ Brussel et des hôpitaux de la région Hal-Vilvorde.
Chirec, Erasme, Iris et Iris-Sud dans le flou
Pour le moment, certains hôpitaux n’ont toujours pas annoncé dans quelle configuration de réseau locorégional ils allaient s’établir : l’Hôpital Érasme (ULB), le Chirec (qui comporte plusieurs sites, comme Delta à Auderghem, Sainte-Anne Saint-Rémi sur le territoire d’Anderlecht et un hôpital à Braine l’Alleud), ou encore les hôpitaux publics Iris (CHU Saint-Pierre et l’Institut Bordet au centre ville, l’Hôpital Brugmann et l’Huderf à Jette) et les hôpitaux Iris-Sud (Hôpital Etterbeek-Ixelles, l’Hôpital Paul Brien à Schaerbeek et le site Joseph Bracops à Anderlecht).
Association privé/public en vue
En outre, le gouvernement bruxellois étudie actuellement la possibilité de créer un seul très gros réseau et un projet d’ordonnance qui permettrait aux hôpitaux publics et privés de s’associer. Ce qui n’est pas possible actuellement. Comme le souligne Alain Maron, ministre de la Santé : « C’est un travail complexe, sensible. Il faut rassurer tout le monde » .
Cependant, il semble que la perspective d’un mastodonte hospitalier dont la gestion serait en partie dépendante des pouvoirs publics, pourrait effrayer les gestionnaires des hôpitaux privés tels qu’Érasme ou le Chirec. Plusieurs scénarios sont donc encore possibles, comme un regroupement en réseau du Chirec et d’Érasme. Mais ce serait alors complexe vu les partenariats historiques entre Érasme et certains hôpitaux du centre ville comme pour le projet de cancéropôle sur le site d’Érasme, intégrant l’Institut Bordet.
Plusieurs possibilités sont donc encore envisageables : le Chirec pourrait, par exemple, faire cavalier seul au vu de sa taille et Érasme, s’associer aux hôpitaux publics. Le Chirec pourrait s’allier avec les hôpitaux Iris-Sud. Les négociations sont toujours en cours pour le moment.
En réseaux, mais pourquoi ?
La volonté des autorités politiques est de rationaliser l’offre en encourageant les établissements à davantage coopérer. Par exemple, au sein d’un réseau, les hôpitaux se répartiront la prise en charge des différents soins. Les investissements dans le matériel d’examens… seront réalisés en commun, mais les réseaux hospitaliers devront aussi veiller à maintenir l’accessibilité des soins basiques sur tout le territoire.
Quant aux soins plus spécialisés, ils seront pris en charge à un niveau supra-régional sur un nombre de sites de référence limités. Les réseaux locaux seront amenés à conclure des conventions avec ces points de référence. Les détails de cette réorganisation comme les normes d’agréments ne sont pas encore fixés, mais dans un premier temps, les hôpitaux doivent se prononcer dans leur choix d’association.