Autism Discriminative Tool : c’est le nom d’un nouvel outil de dépistage de l’autisme récemment développé par Sophie Carlier, chercheuse à l’Hôpital Universitaire des Enfants Reine Fabiola (Huderf). Cet outil, déjà opérationnel au sein de l’hôpital, a pour vocation multiple de raccourcir l’errance diagnostique de l’autisme, d’outiller les professionnels autour de l’enfant et de dépister les enfants à risque dès la maternelle.
« Cet outil est le seul test en français à être basé sur les nouveaux critères diagnostiques de l’autisme tels que définis dans le DSM-5″, explique S.Carlier au sein d’un récent communiqué de presse de l’Huderf. Il s’agit donc d’un outil de dépistage des troubles du spectre autistique principalement destiné aux professionnels de la santé de deuxième ligne ou aux services en contact avec des enfants dit « à risque », présentant des difficultés développementales et fréquentant l’enseignement maternel.
En pratique
Cet outil se présente sous la forme d’un questionnaire fermé. Il est complété par les enseignants de maternelle avant d’être analysé et interprété par les médecins spécialisés dans le développement de l’enfant (ex: pédiatres, neuropédiatres, pédopsychiatres), mais aussi par les paramédicaux (ex: psychologues), les équipes de prévention/protection de l’enfance, les services d’accompagnement, les centres psycho-médico-sociaux, les centres de santé mentale ou toute autre équipe en contact avec des enfants présentant un développement atypique. Ce questionnaire, rapide et facile d’utilisation, permet d’éclairer le clinicien quant à la nécessité d’adresser l’enfant à un Centre Ressources Autisme pour une mise au point diagnostique.
Réduire les « faux-positifs »
Pour pallier aux défauts des questionnaires existants et pour éviter ce qu’on appelle les « faux-positifs », l’ADT est composé de 35 items basés sur l’absence ou la présence de comportements précis, dont 26 sont utilisés dans une optique de dépistage des troubles du spectre autistique. S. Carlier ajoute : « En plus des questions relatives aux difficultés socio-communicatives, l’ADT intègre quinze questions relatives aux comportements stéréotypés. Parmi ces items, l’ADT met systématiquement en évidence les particularités sensorielles, marqueurs prédominants chez l’enfant présentant de l’autisme: par exemple, l’enfant regarde sur le côté, couvre ses oreilles… »
Enseignants et parents participent au dépistage
Lors de la phase test du questionnaire, les chercheurs ont constaté que les professeurs étaient particulièrement perspicaces pour détecter les comportements atypiques chez un enfant. Sur ce point, ils devanceraient légèrement les parents. Les enseignants rapporteraient surtout les difficultés de socialisation en groupe. Si les mères sont performantes dans l’analyse de la relation interpersonnelle, les pères, eux, sont généralement plus objectifs dans l’analyse de la situation. « Le potentiel de combinaison de l’évaluation d’un clinicien, de la cellule familiale et de la cellule scolaire permet de détecter avec davantage de certitude les enfants qui présentent effectivement de l’autisme, sur base des critères différents », précise la chercheuse.
Outil opérationnel
L’outil est utilisé à l’Huderf depuis 2018 au sein du Centre Ressources Autisme, mais aussi lors des consultations de pédopsychiatrie générale.
Le Pr Véronique Delvenne, chef de service de pédopsychiatrie, explique le bien-fondé de l’introduction d’un tel outil dans son service : « La précocité est la clé pour la prise en charge de l’autisme : au plus tôt un diagnostic est établi, plus il sera facile d’influencer positivement l’évolution de l’enfant avec son trouble. Le travail des équipes qui prennent l’enfant en charge après le dépistage permet d’éviter des problèmes au sein de sa famille, souvent dus au manque de compréhension du problème, ainsi que la difficile stimulation d’un enfant autiste sans outils appropriés. »