Un casque Bluetooth permettant aux personnes malvoyantes de pouvoir pratiquer l’escalade : c’est le projet fou développé par l’école d’escalade Maniak et financé par la Fondation Roi Baudouin. Répondant à un récent appel à projets, l’école a été sélectionnée, au même titre que 20 autres projets dont l’objectif est de favoriser le handicap visuel et l’inclusion. Un nouvel appel à projets du même type devrait voir le jour d’ici fin mars 2025.
En équipant les grimpeurs et grimpeuses malvoyant·es ou aveugles d’un casque Bluetooth, l’école d’escalade Maniak dépasse certains obstacles liés au handicap visuel. L’initiative offre à chacun et chacune la possibilité de se dépasser dans un environnement inclusif et sécurisé. Une salle d’escalade. Ses reliefs. Ses murs de couleur. Ses tracés de voies qui s’entremêlent. Un environnement a priori peu adapté pour une personne malvoyante. Lorsqu’elle ose l’expérience, comment distinguer les prises ? Plus elle monte et plus la voix de son guide resté au sol se fait difficile à percevoir. Un accessoire technique simple qui permet au guide de donner ses instructions en toute sécurité à la personne malvoyante ou aveugle lors de sa session de grimpe », peut-on lire sur le site de la Fondation Roi Baudouin
{ Communiqué de presse de la Fondation Roi Baudouin }
Communiquer, c’est la clé
« Il y a 10 ans, rien n’était prévu pour initier les personnes malvoyantes ou aveugles à l’escalade. Au début, nous avons essayé d’utiliser un gsm et des oreillettes, mais ce n’était pas pratique. Ensuite, nous avons tenté les talkie walkies mais c’était encore moins adapté, puisqu’il faut l’avoir en main », explique Damien Dusart, responsable de l’école d’escalade Maniak. L’idée du casque Bluetooth, initialement créé pour permettre la communication entre plusieurs motards, est alors apparue.
Ce changement de paradigme, c’est avec Tristan que l’école d’escalade Maniak l’a amorcé. « Tristan est venu dans l’une de nos salles lorsqu’il était enfant pour tester un cours. Il était alors mal entendant de naissance et mal voyant. Aujourd’hui, il est totalement aveugle », raconte Damien Dusart. Très vite, l’école a mis des choses en place pour que Tristan se sente accueilli et qu’il puisse se mesurer à un mur d’escalade. « Au début, on criait nos conseils dans la salle. Ce n’était confortable pour personne, ni Tristan, ni son guide, mais ça ne l’était pas non plus pour les autres personnes fréquentant la salle », ajoute le responsable. Ensemble, ils ont trouvé la solution du casque Bluetooth. « C’est léger et parfaitement adapté », ajoute-t-il.
En pratique, comment ça marche ?
« Le bras droit à minuit. La jambe gauche à 3h ». C’est avec ce type d’indication qu’un guide aide la personne malvoyante ou aveugle à grimper. « D’abord, on répète les positions au sol. Lorsqu’elles sont bien comprises et acquises, on les teste sur la voie », détaille Damien Dusart. Des instructions simples, une prise en main immédiate… Aucune formation particulière n’est requise. Cela demande juste une précision et une attention soutenue. « Nous avons actuellement deux frères qui grimpent ensemble. L’un est malvoyant. Nous leur mettons donc simplement un casque à disposition après leur avoir expliqué son fonctionnement et les instructions ‘horlogères’ la première fois », souligne le responsable.
Voir une personne malvoyante ou aveugle grimper sa voie, comme n’importe quelle autre personne, impressionne. Avec un casque Bluetooth, on ne la distingue plus d’un autre grimpeur ou d’une autre grimpeuse ». Damien Dusart, responsable de l’école d’escalade Maniak
Élargir l’inclusion
Aujourd’hui, grâce au soutien de la Fondation Roi Baudouin, 10 casques sont en action dans les 4 salles de l’école d’escalade situées à Bruxelles, Nivelles, Braine-L’Alleud et Charleroi. « Si, initialement, nous les avons prévus pour les personnes malvoyantes et aveugles, nous les utilisons aujourd’hui aussi pour les enfants qui souffrent de dyspraxie ou qui ont des troubles de l’attention. » C’est le cas de Bastien, 8 ans. « L’usage du casque, cela me permet de capter son attention sinon, il va très vite regarder ce qui se passe ailleurs. Je peux communiquer avec Bastien à tout moment, même quand il est tout en haut de la voie », explique Camille, kinésithérapeute.
Dès l’âge de 6 ans
Tristan, par sa détermination qui l’a mené aux portes de la compétition en escalade, a donc ouvert la voie à une pratique plus accessible de l’escalade. « Nous accompagnons des enfants dès l’âge de 6 ans et nous sommes répertoriés dans les guides handisport », confie Damien Dusart. C’est cette volonté d’ouvrir la pratique de l’escalade à toutes et tous, de la rendre accessible et confortable, et même, de faire évoluer les mentalités au sein de la Fédération francophone d’escalade en matière de handicap, qui a poussé l’école Maniak à répondre à l’appel ‘Handicap visuel et inclusion’ de la Fondation Roi Baudouin. Pari gagné. « Voir une personne malvoyante ou aveugle grimper sa voie, comme n’importe quelle autre personne, impressionne. Avec un casque Bluetooth, on ne la distingue plus d’un autre grimpeur ou d’une autre grimpeuse », conclut Damien Dusart.
Partagé par Samuel Walheer
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