Bulle d’air pour les un.e.s, bouée de sauvetage pour les autres, le congé parental est à nouveau au cœur des débats. Pour en parler, la Ligue des familles tente de faire bouger les lignes en lançant une pétition. Son objectif ? Rassembler 5.000 signatures de la part du grand public pour démontrer aux politiques francophones qu’il est temps de concrétiser leur engagement suite à la dernière campagne électorale. Il est notamment question d’une meilleure rémunération, une diminution des inégalités entre hommes et femmes dans le monde du travail ou encore de prendre en compte ce besoin criant de certains parents, à majorité monoparentaux, d’un meilleure conciliation entre travail et vie de famille.
Il ressort du Baromètre des parents 2024 (sondage mené par l’Institut Dedicated) que la prise du congé parental a mis plus de la moitié des parents en difficulté financière. Tous les profils de familles sont concernés par ces difficultés financières. Mais l’ampleur de l’impact financier pour les familles à bas revenus interpelle : 68% des familles ont eu du mal à nouer les deux bouts pendant leur congé parental. Et tant d’autres n’ont, tout simplement, pas pu se permettre d’en prendre un. Lola Galer, chargée d’études à la Ligue des familles
Que dit la pétition ?
Parmi les revendications, il est question de :
- Mieux rémunérer le congé parental. Dans un premier temps, porter à 1500€ la rémunération du premier mois de congé parental (2000€ pour les familles monoparentales) en cas d’interruption à temps plein (et au prorata pour les autres formes d’interruption) puis tendre progressivement vers une rémunération des congés familiaux à hauteur de 100% du salaire.
- Supprimer la condition d’ancienneté de 12 mois chez le même employeur, requise pour prendre un congé parental, afin de permettre à tous les parents, y compris ceux qui cumulent les contrats précaires ou décident de changer d’emploi, d’accéder effectivement à ce congé.
- Mettre en place un congé parental rémunéré pour les parents indépendants et pour les parents d’accueil.
- Doubler (de 4 à 8 mois) le congé parental pour les parents isolés (quand il n’y a pas d’autre parent). Le parent solo dès la naissance pourrait alors prétendre à la totalité du congé parental. Si le parent devient solo « en cours de route » par exemple en cas de décès du conjoint ou de déchéance de l’autorité parentale, le parent pourra alors prendre le solde restant dû du congé parental qui n’aurait pas été pris par le conjoint.
- Transformer la possibilité d’obtenir un congé parental à 1/10e temps en un droit pour tous les parents, non soumis à l’accord de l’employeur, comme c’est déjà le cas pour les autres formes de congé parental (à temps plein, ½ temps, 1/5e temps).
En 2023, près de 6.000 pères ont pris un congé parental à temps plein ou à mi-temps alors que les mères étaient 21.435 soit quatre fois plus nombreuses. L’écart se réduit pour le congé parental à 1/5e temps et disparaît presque pour celui à 1/10e temps, qui implique une moindre perte de salaire. Peut-on lire sur le site de la Ligue des Familles
Une rémunération toujours insuffisante !
Le congé parental a été mis en place il y a de cela vingt-sept ans. L’idée de garder ses enfants durant 3 mois avec une rémunération compensatoire a été validée mais le problème persistant reste toujours axée sur la rémunération. En effet, actuellement, un congé parental permet à un parent de percevoir une rémunération de 914,67€ et 1 558,28€ pour les familles monoparentales. Cela pose toujours question puisque sans une rémunération suffisante, difficile pour la plupart des ménages de vivre de manière correcte. Voici quelques repères historiques sur l’évolution du congé parental et tirés du site de la Ligue des Familles :
- 1996 : directive européenne obligeant les pays européens à prévoir un congé parental de minimum trois mois
- 1997 : la Belgique instaure un congé parental de trois mois, non transférable, consacré à la garde des enfants. Il est indemnisé et chaque parent peut en profiter avant que l’enfant ait atteint 4 ans
- 2002 : le congé parental peut désormais être pris à 1/5e temps et être fractionné par mois
- 2005 : le congé parental peut désormais être pris à mi-temps
- 2009 : l’âge maximum de l’enfant donnant droit au congé est porté à 12 ans (21 ans en cas de situation de handicap)
- 2010 : la durée du congé parental est augmentée de trois à quatre mois
- 2018 : possibilité de prendre le congé parental à 1/10e temps
→ Pour lire les autres articles sur les congés parentaux de la Ligue des Familles
Samuel Walheer
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