L’autisme au cinéma : deux films lumineux pour sortir les familles de l’ombre

« Ezra », production américaine à gros budget avec un casting cinq étoiles et « En attendant Zorro », documentaire belge tourné avec peu de moyens, sont deux nouvelles sorties cinéma aussi émouvantes l’une que l’autre. Elles ont un point commun majeur : la volonté de mettre en avant les familles confrontées à l’autisme de leur enfant, pour les sortir de l’ombre, en parler, déstygmatiser. 

L’autisme en Belgique et à travers le monde fait davantage réagir les artistes que les pouvoirs publics. Pourtant, les manquements sont criants ; surtout en ce qui concerne les lieux d’accueil, indispensables à l’équilibre des familles. Hospichild est d’ailleurs très concerné par la question et n’a de cesse d’écrire sur le sujet : Journée mondiale de sensibilisation à l’autisme : « Il y a encore beaucoup à faire ! »Recherche sur l’autisme : un projet innovant de laboratoire mobile se déplace dans toute la BelgiqueLa Maison de l’Autisme lance sa toute nouvelle plateforme en ligne ! ; Etc. Il faut dès lors espérer que des films tels que ces deux bijoux récemment sortis puissent faire avancer l’inclusion de ces enfants autistes au sein de la société et, surtout, que des solutions puissent émerger pour aider concrètement les parents désemparés.

Ezra, un enfant autiste face au désaccord de ses parents

L’intrigue du film Ezra suit Max Brandel, un écrivain qui met un terme à sa carrière et à son mariage pour se lancer dans le stand-up. Il s’installe chez son père Stan, un chef cuisinier talentueux mais excentrique reconverti en portier – magnifiquement joué par Robert De Niro. Max et son ex-femme ont des visions opposées sur la manière d’élever leur fils Ezra, 9 ans, atteint du syndrome d’Asperger. Max décide alors de partir en voyage à travers le pays avec son fils. Une histoire inspirée par l’expérience personnelle du scénariste Tony Spiridakis, qui aborde avec sensibilité et authenticité les défis rencontrés par les parents de cet enfant attachant. Porté par un jeu d’acteurs juste et émouvant, le film rend aussi hommage à la parentalité en général.

Cette grosse production, entre comédie et drame, est une réussite totale. On est transporté du début à la fin par ces personnages en lutte constante. Les parents veulent ce qu’il y a de mieux pour leur enfant, mais sont en total désaccord. Ezra, lui, est ballotté entre ces deux visions de la vie ; l’une – celle de la mère – qui a tendance à se ranger du côté de l’avis des médecins et des centres spécialisés et l’autre – celle du père – qui veut à tout prix qu’il puisse vivre en société, comme tout le monde, et se confronter à la vraie vie. Le réalisateur ne juge pas ; il laisse les deux visions coexister, sans s’opposer. La nuance existe et c’est ce qui séduit dans Ezra.

↓ La bande annonce du film Ezra 

Lucas, l’éducateur au secours des familles en détresse

Le deuxième film sur l’autisme, réalisé par Sarah Moon Howe, est plus local puisqu’il se passe à Bruxelles. Le pitch : « Dans le huis-clos des maisons, des parents d’enfants handicapés de grande dépendance espèrent une place dans les services d’accueil et d’accompagnement. En attendant, ils tentent de faire face aux difficultés et aux troubles du comportement. Dans ce marasme existentiel, le film suit le travail de Lucas, éducateur spécialisé, conseillé parfois par l’hôpital, qui se rend au domicile des familles et tente de les aider. Bourré d’énergie et d’optimisme, Lucas permet aux familles à bout de souffle de construire une vie plus apaisée sans attendre une solution structurelle qui tarde à venir. »

Dans ce documentaire d’une cinquantaine de minutes, l’accent est donc placé sur cet éducateur hors du commun : Lucas. Il vient en effet, comme Zorro, tenter de sauver les familles en détresse. Il se déplace, prend le temps, s’adapte, et ce en maillon libre ; en dehors de toute institution. Lucas arrive quand aucune autre solution n’a pu être trouvée. Et ça donne une bouffée d’air frais aux dynamiques familiales souvent éprouvées par le handicap d’un enfant. Malgré l’épreuve et la douleur, le film arrive à trouver de la joie et de l’espoir chez ces parents. Il est brillant et lumineux, comme Lucas.

↓ La bande-annonce du documentaire En attendant Zorro

→ Pour ceux qui auraient raté le film au cinéma, « En attendant Zorro » sera diffusé à la télévision, sur La Trois (Rtbf), le 30 septembre 2024. Il sera ensuite disponible sur Auvio.

 

Sofia Douieb

 

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