Surpoids et puberté : lien de cause à effet grâce à un « score génétique », selon une étude

Des chercheurs de l’université de Cambridge, en Angleterre, ont récemment développé ce qu’ils appellent un « score génétique », qui pourrait prédire si un enfant va atteindre la puberté plus tôt ou plus tard que la moyenne. Selon l’étude, des variants génétiques peuvent provoquer le surpoids durant l’enfance et ainsi être la cause d’une puberté précoce. De plus, les enfants pourraient développer des problèmes de santé (mentale), du diabète de type 2, des problèmes cardiaques ou encore certains cancers. Une avancée médicale importante qui servira d’outil de prévention auprès d’une partie de la population plus fragilisée.

La puberté apparaît de manière générale chez les enfants âgés entre dix et quinze ans. Au-delà de cet âge, on appelle cela une puberté tardive. Lorsqu’elle apparaît plus tôt, on parle de puberté précoce et c’est dans ce cas que le risque de développer des maladies est plus élevé. La prise en compte des habitudes de vie des enfants en surpoids dans cette étude récente est novatrice. Elle pourrait d’ailleurs être complétée dans le futur.

Que dit l’étude ?

À ce jour, il s’agit de l’étude la plus large menée sur le sujet. L’échantillon a porté sur pas moins de 800.000 jeunes filles originaires d’Europe, d’Amérique du Nord, de Chine, du Japon ou encore de Corée. Publiée dans Nature Genetics (une revue scientifique britannique), l’étude révèle que plus de 1.000 variants génétiques, dont 600 n’avaient pas été observés jusqu’ici, ont pu être associés à l’apparition de la puberté. Parmi eux, un peu moins de la moitié des traits génétiques joueraient indirectement un rôle sur la puberté en augmentant la prise de poids durant l’enfance. Il y a également des exceptions comme le gène rare ZNF483, analysé par les chercheurs et présent chez une femme sur 3.800. Celui-ci retarderait la puberté d’en moyenne 1,3 an.

« C’est la première fois que nous avons pu analyser des variants génétiques rares à cette échelle. Nous avons identifié six gènes qui affectent tous profondément le moment de la puberté. Bien que ces gènes aient été découverts chez des filles, ils ont souvent le même impact sur le moment de la puberté chez les garçons », explique Katherine Kentistou, spécialiste des maladies métaboliques comme le diabète et à l’initiative de l’étude.

Un score de prédiction

Grâce à cette étude, les chercheurs ont pu développer un outil, score de prédiction, capable de détecter au plus tôt la puberté précoce. En effet, 1 % des enfants ayant le score génétique le plus bas présente un risque quatorze fois plus élevé de connaître une puberté très précoce. À l’inverse, 1 % des jeunes filles avec les scores génétiques les plus élevés présentaient vingt-deux fois plus de risques d’avoir une puberté tardive. « Le score que nous avons établi prend uniquement en compte les variants génétiques. Mais nous avons comparé ces scores à d’autres, qui reposent sur l’IMC durant l’enfance, l’IMC des parents ou encore l’âge de la puberté chez la mère. À chaque fois, le score reposant sur les variants génétiques était toujours plus prédictif que les autres. », explique le Pr. Ken Ong, spécialisé dans le diabète à des âges précoces de la vie à l’Université de Cambridge.

Quelles conséquences ?

« Selon certaines études, la puberté précoce favoriserait le cancer du sein, en raison d’une exposition prolongée aux œstrogènes. Une puberté précoce peut également jouer sur la croissance de l’enfant car le pic de croissance peut survenir très tôt mais sera ralenti par la dernière phase de la puberté. Un impact négatif sur la santé mentale à long terme est aussi remarqué », expose Anne-Simone Parent, pédiatre endocrinologue à l’Hôpital de la Citadelle à Liège.

 

Samuel Walheer

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